Gestion de la chose publique : les confessions religieuses doivent intervenir

Mercredi 10 Mai 2017 - 18:30

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Le président national de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), Mè Jean-Claude Katende, pense que l’église, sans être guidée par les objectifs de conquérir le pouvoir politique et de l’exercer, mais motivée par le bien-être de la communauté, elle peut prendre position sur toutes les questions d’intérêt national. En le faisant, a-t-il dit, elle participe à la construction d’une nation juste et  au service de tous ou évite un silence complice.

Dans une réflexion faite, le 10 mai 2017, sur la position de l’Église par rapport à la situation politique dans le pays intitulée « Eglise au milieu du village ? », le président national de l’Asadho, Jean-Claude Katende, a noté que face à un gouvernement, qui ne respecte pas ses engagements, qui viole les droits fondamentaux des citoyens, qui devient prédateur…, les confessions religieuses ne peuvent pas se taire. « Elles doivent choisir leur camp », a-t-il dit. Alors que pour lui, le camp des confessions religieuses ne peut être que « celui de la vérité, du respect des lois, de la justice et de la protection des faibles ».

Pour ce juriste et défenseur des doits de l’Homme, en effet, dans tous les cas et quels que soient les intérêts en jeu, la position des confessions religieuses doit s’orienter vers le respect de la Constitution et des lois, la défense de la justice ainsi que la protection des victimes.

De l’avis de Mè Jean-Claude Katende, le respect de la Constitution et des lois démocratiques est un moyen par excellence pour construire une nation et prévenir tout conflit, qui mettrait son existence en danger. « Chaque fois que les dirigeants politiques violent la Constitution et les lois démocratiques, quelles que soient leurs convictions religieuses (catholiques, protestantes, musulmanes…), les confessions religieuses sont appelées à intervenir pour les interpeller et les ramener au respect des lois. Ne pas le faire, c’est à mon avis, pactiser avec un pouvoir qui met en péril l’existence de la nation et des citoyens », a-t-il souligné.

Alors que parlant de la défense de la justice, cet avocat a noté que quand les dirigeants politiques deviennent partiaux et injustes dans leurs rapports avec les citoyens, les confessions religieuses doivent se placer du côté de la justice, et non du côté des dirigeants politiques. « Les confessions religieuses qui se taisent deviennent complices des dirigeants politiques injustes », a-t-il averti.

Le président de l’Asadho a, en outre, relevé que la protection des victimes doit être aussi une des raisons qui doivent pousser les confessions religieuses à agir, à parler et à dénoncer la loi du plus fort. Si les confessions religieuses ne font rien, ne disent rien, a-t-il souligné, elles deviennent complices.

Mè Jean-Claude Katende a, par ailleurs, fait remarquer que l’histoire des nations (Etats-Unis, Afrique du Sud, France, Amérique Latine…) montre que les confessions religieuses courageuses et incorruptibles, qui ont joué un rôle important dans la promotion et protection des droits fondamentaux, ont contribué à la chute de l’apartheid, des dictatures et des dirigeants corrompus, et contribué à l’amélioration de la gestion de la chose publique. « C’est là que le peuple congolais attend de toutes les confessions religieuses du Congo », a-t-il conclu.

L'église au milieu du village ?

Relevant les différents points de vue, Jean-Claude Katende n’avait pas manqué de mentionner que pour l’aile dure des défenseurs de l’expression, l’église au milieu du village signifierait que « les confessions religieuses doivent être au milieu, c’est-à-dire qu’elles doivent rester neutres, elles doivent se refuser d’intervenir ou de donner leur position sur les questions politiques qui divisent les citoyens ou la classe politique. Alors que pour l’aile modérée, les confessions religieuses peuvent intervenir, mais en s’abstenant d’appuyer un groupe contre un autre. Mais, pour lui, il était important de préciser que ce qui devrait être interdit, c’était plutôt de faire la politique au sens de conquérir le pouvoir politique, de l’exercer et de le conserver, ce qui est le rôle des partis politiques. « Mais la politique dans le sens de s’intéresser à la manière dont le pays est géré, les confessions religieuses peuvent dire ce qu’elles en pensent. Elles doivent intervenir dans le sens d’interpeller et d’encourager la gestion transparente et participative du pays au profit de tous », a-t-il insisté.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Mè Jean-Claude Katende.

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