Goma : arrestation de dix-huit militants du mouvement pro-démocratie Lucha

Mercredi 16 Mars 2016 - 19:20

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Plus d’une dizaine de militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) ont été appréhendés, le 15 mars, à Goma par les forces de police alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour réclamer la libération de leurs collègues Fred Bauma et Yves Makwambala incarcérés à Kinshasa depuis un an.

Dix huit militants du mouvement pro-démocratie Lucha ont été arrêtés, le 15 mars, à Goma (Nord-Kivu) alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour réclamer la libération de leurs camarades Fred Bauma et Yves Makwambala (respectivement activistes des mouvements pro-démocratie Lucha et Filimbi) en  détention depuis une année à l’ex-prison de Makala à Kinshasa. Des sources concordantes allèguent que les manifestants ont défilé les poings liés et la bouche bâillonnée, une manière pour eux de symboliser et d’appeler au respect de leur liberté d’expression et de réunion aujourd’hui outragée par l’autorité politique. Alors que certains manifestants se sont échappés dans la mêlée au moment de l’intrusion de la police dans leur périmètre; d’autres, malchanceux, ont été ramassés par les forces de l’ordre et jetés à bord de leurs jeeps, rapporte un des membres de Lucha ayant réussi à se défaire de l’étau de la police.

Jusque tard dans la nuit, aucune charge n’était retenue contre ces jeunes activistes de Lucha placés à garde à vue dans un bureau de renseignement de la police avant d’être transférés le 16 mars au Parquet de grande instance de Goma (Nord-Kivu) où ils étaient censés être auditionnés par un magistrat. Pour les autorités provinciales, les militants de Lucha avaient, par leur marche interdite, troublé l’ordre public et craché sur le communiqué officiel de l'autorité urbaine du 3 décembre. Celui-ci ignore superbement l’existence d’un mouvement Lucha dans le ressort de Goma. Depuis lors, le commissariat de la ville de Goma a interdit les activités de Lucha qu'il qualifiait de « mouvement sans fondement juridique » sur toute l‘étendue du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. En ce sens, la marche du 15 mars a vite été assimilée à une sorte de rébellion vis-à-vis de l‘autorité établie. Ce qui a poussé l’autorité provinciale à engager la procédure de vérification de l‘identité des manifestants dans les rangs desquels peuvent s’incruster des infiltrés et autres semeurs des troubles.

Pour l’avocat des activistes arrêtés, Me Jean-Paul Lumbulumbu, les charges retenues contre ses clients ne tiennent pas débout et sollicite, par conséquent, leur relaxation pure et simple. Réagissant à ce nouveau développement touchant à l’exercice des libertés fondamentales, le directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, José Maria Aranaz, s’est dit « très préoccupé par la restriction des libertés fondamentales en RDC et, surtout, par la répression constante des activités de la société civile ».

Alain Diasso

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