Gouvernance : lutte contre les flux financiers illicites pour soutenir le développement

Mardi 19 Mai 2020 - 13:11

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Coprésident du Groupe de haut niveau sur la reposabilité, la transparence et l'intégrité financières internationales (FACTI) pour la réalisation du Programme 2030, et nouveau patron du Nepad, Ibrahim Mayaki inscrit la lutte contre les flux financiers illicites dans un contexte de financement urgent des Objectifs de développement durable (ODD).

 

 

Plusieurs milliers de millards de dollars échapperaient aux gouvernements et aux besoins de leurs populations en raison de la corruption, de l'évasion et de l'optimisation fiscales, ou d'opérations de blanchiment. Les transferts de bénéfices des entreprises via les paradis fiscaux, par des moyens légaux et illégaux, coûtent entre 500 et 600 milliards de dollars par an en pertes d'impôts sur les sociétés, selon le Fonds monétaire international. Une étude de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime estime à environ 1600 milliards de dollars (soit 2,7% du Pib mondial) le blanchiment d'argent réalisé par des criminels. "Les volumes sont considérables", d'après Ibrahim Mayaki. "On a un déficit considérable pour le financement du développement", a-t-il souligné. "Nous n'avons pas mobilisé suffisamment de ressources pour réaliser le Programme 2030", a-t-il déploré.  

Les flux financiers illicites ont des conséquences directes sur le développement et le bien-être des populations. Ils alimentent le crime orgnisé, ou proviennent du crime orgnisé et peuvent alimenter le terrorisme. Ils détournent aussi des ressources qui devraient aller à des besoins sociaux vers la corruption. Cela impacte les politiques de lutte contre la pauvreté. Or, l'éradication de la pauvreté est le premier des 17 ODD que les Etats se sont engagés à réaliser d'ici 2030. " Les flux financiers illicites vont à l'encontre de la morale mais aussi de l'éfficacité économique", soutient Ibrahim Mayaki. Les ramifications de ces flux impactent l'ensemble des ODD, de la fourniture d'une alimentation de base saine à la construction d'infrastructures indispensables.

L'Afrique est la région du monde qui a la plus faible pression fiscale

La volonté politique existe, mais les capacités à lutter contre les flux illicites sont inégales d'un pays et d'une région à l'autre, reconnaît Ibrahim Mayaki. "Si vous allez au ministère des mines du Niger, vous n'aurez pas plus d'une dizaine de juristes spécialistes des contrats complexes", déplore-t-il. Avant de questionner  " Comment voulez-vous qu'ils puissent négocier valablement avec des firmes multinationales qui ont des centaines de spécialistes fiscaux?", appelant à l'aide les pays les plus outillés. Ibrahim Mayaki pense que la Francophonie a un rôle fondamental à jouer dans la promotion de la bonne gouvernance. 

 

Noël Ndong

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