Grève sèche des médecins : des malades renvoyés dans les hopitaux publics sans état d'âme !

Mercredi 30 Août 2017 - 19:39

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Le Syndicat des médecins de la République démocratique du Congo (Syméco) a déclenché une grève radicale le 28 août dans tous les hôpitaux publics. Le mot d’ordre est en train d’être respecté scrupuleusement par le personnel médical et administratif dans les différents hôpitaux publics concernés.    

Lorsqu’ils avaient annoncé qu’ils allaient radicaliser leur grève jusqu’à lever le service minimum qui continuait à fonctionner bon gré mal gré dans certains hôpitaux publics, les médecins grévistes n’étaient sûrement pas pris très au sérieux. Ayant vainement attendu la réaction du gouvernement à leurs revendications, les blouses blanches sont passées à la vitesse supérieure. Plus de service minimum dans les hôpitaux. Un peu partout dans les structures médicales de Kinshasa, la situation est quasi la même.

Des médecins sont introuvables dans leurs cabinets, lesquels cabinets sont cadenassés de l’extérieur. Pire même les urgences sont fermées. Les salles de soins sont en manque d’infirmiers. Ces derniers sont tenus de respecter le mot d’ordre. Ils traînent les pieds dans les couloirs et administrent des soins en cachette moyennant quelques francs, juste le temps d’une piqure. Ils craignent d’être aperçus par des médecins au risque d’être blâmés. « Il y a certains infirmiers qu’il faut voir, les sensibiliser… mais c’est difficile qu’ils viennent », regrette un patient obligé de quitter son lit d’hôpital. « Ça nous blesse de voir nos malades souffrir ainsi mais nous n’avons pas le choix, la grève est sèche », soutiennent les infirmiers.  

À l’hôpital général de référence de Kinshasa (ex-Mama Yemo), la situation est simplement tragique. Des malades sont évacués bien malgré eux, ou soit sont orientés vers des centres privés. Même tableau à l’hôpital de Kintambo, à l’ex-sanatorium et ailleurs où le personnel médical n’a plus le cœur à l'ouvrage. La situation est loin d’être isolée et touche aussi des hôpitaux publics de l’arrière-pays à l’instar de l’Équateur où des malades sont carrément renvoyés. Tout le personnel soignant et les employés de l’administration se seront retirés des hôpitaux généraux et centres de santé de Mbandaka. « C’est la grève totale ! Les malades sont partis la nuit. Plus personnes ici dans notre boxe. Pas d’infirmiers ni de médecins. Il y a deux jours que ma fille a été opérée, elle a encore une sonde pour l’extraction de sang du ventre. Nous n’avons pu sortir la nuit. Nous voulons partir lentement jusqu’à l’endroit où l’on pourra la soigner », témoigne la mère d’une fille hospitalisée à l’hôpital général de référence de Wangata citée par radio Okapi.   Les médecins qui réclament notamment l’indexation de leurs salaires au « taux budgétaire » et la régularisation de la situation de nouvelles recrues ne voient toujours rien venir du côté du gouvernement. Une attitude qui ne fait qu’exacerber la grogne des médecins plus que jamais déterminés à obtenir gain de cause dans leur démarche. Dossier à suivre.         

    

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Vue intérieure de l'hôpital général de référence de Kinshasa

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