Haute couture. Daniel Tohou: « L’Afrique c’est l'alpha et l’omega de mon processus de création »

Vendredi 31 Août 2018 - 20:56

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D'origine africaine, le fondateur de la marque Nefer couture, une chaîne de vêtements de luxe basée en France, propose pour l'habillement masculin une parfaite alchimie entre l’artisanat français et les matières premières du continent africain. Entretien.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.): Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Daniel Tohou (D.T.) : Je suis un tailleur sur mesure français, d'origine béninoise de par mon père et togolaise de par ma mère, vivant à Paris.

L.D.B.:Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’industrie de la mode ?

D.T. : Je me suis retrouvé dedans par ma formation de tailleur mais beaucoup plus encore par mon goût familial assez prononcé pour le vêtement. L'une de mes grand-mères, en effet, était vendeuse de pagnes à Lomé, elle fut mama Benz.

L.D.B.: La source d’inspiration de vos créations?

D.T. : Je la puise de bout en bout de l'Afrique, par mes voyages, mes littératures et la musique.... Toutes mes influences sont liées de près ou de loin au monde africain. Mais à cela, il faudrait ajouter l'art de vivre français qui m’influence également en second lieu.

L.D.B.: Que signifie Nefer?

D.T. : Nefer est la signification de « beau, parfait » en Egypte ancienne et aussi je suis passionné de cette civilisation par mes lectures telles que Cheik Anta Diop sur l'Égypte et d’autres civilisations africaines pré-coloniales.

L.D.B.: Quelle place occupe l'Afrique dans votre travail ?

D.T. : Elle est la première pensée que j’ai quand je commence une idée et la dernière lorsque je finis et boucle une collection. L’Afrique est mon cœur, je garde une connexion avec la terre de mes aïeux.

L.D.B.: Que propose Nefer couture en matière de style ? 

D.T. : Il propose un style classique, par ses influences de la haute couture française mais en même temps faite de petits détails créatifs empruntés à l’Afrique car je suis quelqu’un de discret mais qui doit se démarquer et je le fais avec détail.

L.D.B.: Où retrouve-t-on l'Afrique dans vos créations ?

D.T. : Dans les différents aspects de la marque comme les mannequins, l’histoire que je collectionne ou dans les tissus que j’utilise pour la confection de mes pièces.

L.D.B. : Être Africain, est-ce un handicap pour émerger dans ton domaine en Europe ?

D.T. : Non. Il faut juste vouloir ardemment, avec obstination, détermination et persévérance car rien ni personne ne peut empêcher quelqu’un de déterminé à accomplir ce pourquoi il est convaincu.

L.D.B.: Une tenue idéale pour vous ?

D.T. : La tenue idéale dépendra surtout des circonstances, un smoking pour une réception ou gala, un costume gris clair pour une occasion plus business, une veste sport, un jeans et des dealers pour les occasions de tous les jours ou une veste avec un pantalon chino (toujours avec un petit détail africain en vue).

L.D.B. : Quel est le vêtement indispensable dans le garde-linge d’un Africain ?

D.T. : Il ne doit jamais, alors jamais, manquer une veste sur mesure (de chez Nefer couture). Rires.......

L.D.B.: Quel a été votre plus grand défi dans cet univers ?

D.T.: C’était d'intégrer des maisons de haute couture telles que Lavin ou Salto et d’y apprendre mon métier de maître tailleur. Il fallait du courage et du sang froid pour y aller.

L.D.B.: Une idole ?

D.T : J’en ai eu pas qu’une seule, mais trois : Oswald Boateing qui m’a donné envie d’exercer ce métier; Ralph Lauren qui a bâti une marque incroyable et incontournable en termes d'image et de développement; enfin Gabrielle Chanel parce qu’elle a bâti un empire qui lui a survécu, c’était une femme de caractère.

L.D.B.: Des conseils pour exceller dans l'industrie de la mode ?

D.T. : Il faut avoir confiance en soi et en ses capacités. Il faut aussi se former et se forger, pas forcément dans des écoles de mode. Vous pouvez le faire également chez les tailleurs du coin, dans des maisons de couture, pour acquérir de l'expérience avant de se lancer car on ne s’improvise pas styliste, c’est un métier ! 

 

 

Propos recueillis par Karim Yunduka

Légendes et crédits photo : 

Photo:Daniel Tohou (DR)

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