hommage au député Anicet Wilfrid Pandou : petite « ville morte » à Makélékélé et Bacongo

Lundi 27 Octobre 2014 - 19:30

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L’arrivée de la dépouille mortelle de l’honorable Anicet Wilfrid Pandou alias Willy Matsanga, lundi à Brazzaville, a plongé les grandes avenues des arrondissements 1 et 2 dans une psychose. Avec des boutiques, écoles et marchés fermés pour la circonstance, les fidèles de celui qu’on surnomme affectueusement « Ya mazas » ont pu exalter leur dessein en s’emparant des avenues.

Lundi 27 octobre aux premières heures, les portes de plusieurs boutiques sont restées closes sur les avenues de l’OUA, Matsoua et de l’ex télévision qui conduit jusqu’à Kinsoundi, fief du feu Willy Mantsanga. Les ruelles des quartiers de Makélékélé comme Kingouari, la Tanaf et ceux de Bacongo à l’instar de Tostao et Météo présentaient une pâleur qui rappelle les troubles passés.

Même si les taxis et bus ont circulés dans ces quartiers, les marchés n’ont pas vendu. À Total, c’est le petit marché dit de lundi, au bord de l’avenue de l’OUA qui a étalé quelques épices. Celui du Château d’eau, plus proche du fief du député, s’est aligné à honorer la petite « ville morte » qui n’a d’ailleurs été, semble-t-il, décrétée par aucune autorité compétente. Il semblerait que la mesure de fermer les échoppes ait été suscitée par les populations seules qui redouteraient un débordement des « fanatiques » du député alias Willy Mantsanga.

Quelques entreprises pourtant n’ont pas voulu appliquer la règle jugée « fantaisiste ». La Mucodec de Bacongo, bien qu’ouvert un peu tard selon des clients qui ont fait les opérations vers 12h, a travaillé normalement alors que la BCI,  situé en plein cœur du marché Total, a refusé de prendre des risques. Il paraît que les fidèles de Ya mazas devrait monter au créneau au cas où leur doléance de ramener la dépouille mortelle du député à son domicile de Kinsoundi ne passait pas dans le programme officiel d’hommage de la République.

Marches, regrets et brigandage…

À 6 heures, pour tenir le pari,  ils étaient encore nombreux à l’aéroport international de Maya-Maya. T-shirt d’adieu et drapelet en main, c’est au rythme d’un tube d’adieu de DJ Sergino chanté en dialecte « lari » que l’enthousiasme est entretenu. Comment ont-ils fait pour convaincre décidément les autorités de leur laisser ramener la dépouille mortelle à Kinsoundi ? La police a-t-elle évité le pire ?

C’est au rythme de leur pas que le corbillard a quitté l’aéroport vers 8h pour Kinsoundi où la dépouille a été exposée plusieurs heures durant. Les fidèles, amis et parents mais aussi d’anciens miliciens et jeunes désœuvrés ont exhibés des pas de danse. En larmes, des jeunes proches du député se sont vus déposséder de leur « autorité » dans ce quartier maintenant que « le lion » est décédé. « Qui va nous défendre ? » s’interrogent –ils, attristé davantage par le refrain de la chanson de DJ Sergino, tube le plus écouté dans ces deux arrondissements depuis plusieurs jours.

C’est vers 13 heures que la dépouille mortelle a quitté le domicile du député pour le palais des Congrès avec des milliers de personnes à pied, à vélo et celles perchées sur le toit des véhicules. C’est devant le stade Massamba-Débat que la dépouille mortelle devrait passer nuit. 

 

Quentin Loubou