Institut de France : Ousmane Sow à l'Académie française des Beaux-arts

Jeudi 12 Décembre 2013 - 18:30

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L'artiste a été élu le 11 avril 2012 à l'unanimité par la haute assemblée culturelle et artistique de l'Institut de France. La cérémonie d’installation d'Ousmane Sow a eu lieu le 11 decembre 2013, à l'issue de laquelle il a été reçu par le président français François Hollande

Né à Dakar en 1935, Ousmane Sow remplace le peintre américain Andrew Wyeth, décédé en 2009. Le sculpteur sénégalais a dédié son installation solennelle  à l'Afrique tout entière, à sa diaspora, et aussi au grand homme Nelson Mandela. « Mandela occupera une place extraordinaire dans l'histoire de l'humanité, comme Gandhi ou Jésus : il est arrivé à réconcilier un peuple. Je ne dis pas qu'il n'y a plus de racisme en Afrique du Sud mais il en a fait une société apaisée », a t-il expliqué.  

L’artiste est connu pour ses grandes sculptures de figures africaines, réalisées dans un mélange de son invention, qu’il garde secret. Il est surnommé par l'écrivain John Marcus, « le griot de la glaise ». « C’est un véritable honneur que de représenter aujourd’hui le peuple noir au sein de l’Institut », a déclaré le sculpteur. Par ailleurs, Jean Cardot pense que le sculpteur Ousmane Sow apporte à l'Académie des Beaux-arts son intelligence et son génie africain. « Vous êtes l'exemple même de la richesse et de la merveilleuse diversité de l'expression artistique », a indiqué Jean Cardot.

Des milliers de personnes ont admiré ses œuvres gigantesques et sensuelles, pétries de terre africaine, au point où certains se sont inquiétés de sa solidité. « Le pont des Arts est un événement qui est resté dans les mémoires, dans tous les pays : les gens m'en parlent comme si c'était hier, en se trompant de date ou de pont de Paris, mais ils ont encore les yeux qui brillent », s’est félicité le sculpteur.

Ousmane Sow crée en 1980 ses premières grandes sculptures Nouba, peuple du Sud Soudan. En 1987, il présente sa première série de lutteurs au Centre culturel français de Dakar, et participe à de nombreuses expositions, en 1989 à la Vieille Charité à Marseille et à Bordeaux, en 1992 à la Documenta de Kassel, en 1995 au Palazzo Grassi à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise. Son exposition sur le Pont des Arts à Paris a eu lieu en 1999. La ville de Besançon lui a quant à elle, consacré l’été dernier une rétrospective.

Après les Nouba, Ousmane Sow a créé plusieurs séries sur les peuples d’Afrique, notamment, Masaï, Zoulou, Peul, puis il s’est intéressé aux Indiens d’Amérique en imaginant 24 personnages inspirés par la bataille de Little Big Horn. Plus tard, il a fait des bronzes à partir de ses originaux.
Il travaille actuellement à une série en hommage aux grandes figures qui ont marqué sa vie, à savoir : Victor Hugo, le Général de Gaulle, Nelson Mandela, son père Moctar Sow, Martin Luther King, Mohamed Ali, Gandhi, Toussaint Louverture, ainsi qu'à des petites sculptures Nouba.

L'Académie des Beaux-arts, ainsi dénommée depuis 1803, est l'une des cinq académies qui forment l'Institut de France, par ailleurs constitué de l'Académie française, l'Académie des Sciences, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et l'Académie des Sciences morales et politiques.

Signalons que l’écrivain et premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, fut le premier Africain à être appelé à siéger à l'Académie française en 1983. Ousmane Sow y entre, trente ans après.

 

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Ousmane Sow lors de la cérémonie d'installation. Photo 2 : L'artiste devant ses oeuvres.