Interview. Benoît Ngayou : « Un grand travail a été fait par le Pade »

Samedi 3 Février 2018 - 15:30

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Le gouvernement, en partenariat avec la Banque mondiale, avait mis en place entre 2011-2017, le Projet d’appui à la diversification de l’économie (Pade), pour ne plus compter essentiellement sur les ressources pétrolières. Dans une interview exclusive avec Les Dépêches de Brazzaville, son coordonnateur, Benoît Ngayou, parle des réalisations ainsi que des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ce projet.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Parlez-nous des grandes actions menées par le Pade durant sept ans ?

Benoît Ngayou (B.N.) : Au lieu de cinq ans comme prévu au départ, le projet a été mis en œuvre pendant sept ans. Nous avons bénéficié de deux années de prolongation pour mener à bien certaines activités qui étaient en cours, mais aussi en vue des résultats probants.  S’agissant des actions menées, le projet avait pour objectif de promouvoir des investissements privés dans les chaînes de valeur hors pétrole et soutenir l’émergence d’un tissu des PME compétitif. Sur ce point, nous avons apporté notre appui en ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires. Certes, notre classement dans le "Doing business" ne s’est pas amélioré, mais il est clair qu’un grand travail a été réalisé.

En effet, au niveau du climat des affaires, nous pouvons nous réjouir du fait d'avoir réduit 81procédures administratives, formulées 33 réformes, dont 14 approuvées par le gouvernement. Nous avons réussi à mettre en place neuf groupes thématiques formalisés par un décret, avons appuyé 481 Très petites entreprises (TPE) et Petites et moyennes entreprises (PME) via le fonds d’appui à coûts partagés, l’unité opérationnelle du Pade. Dans le cadre de la production des documents de réflexion, nous avons réalisé une quinzaine d’études sur la demande des structures ministérielles, notamment des études sur la cartographie industrielle.

L.D.B. : Quels impacts votre action a-t-elle eu sur les bénéficiaires ?

B.N.: Au départ, nous ne mesurions pas encore les effets que devait produire le Pade. Aujourd’hui, nous avons vu des réalisations et sommes contents d’avoir accompagné des chaînes de valeur à asseoir leur comptabilité. Les TPE qui n’avaient pas la possibilité d’émerger toutes seules sont à présent capables de se prendre en charge. Nous avons, de même, réussi à donner une impulsion aux structures déjà existantes telles que Bayo, Pépi-Congo, ainsi que les groupements des maraîchers. Celles-ci ont noué des partenariats avec l’extérieur pour pouvoir vendre leurs produits. Nous avons également réussi à mettre en contact 24 entrepreneurs congolais et des investisseurs français.

L.D.B.: Le Pade a, durant sa mise en œuvre, fait recours à l’expertise de plusieurs cabinets conseils nationaux et internationaux. Peut-on savoir l’importance des études menées ?

B.N.: Au niveau du Pade, nous faisons des études  en fonction des besoins formulés par des structures bénéficiaires. Grâce à l’étude sur la priorisation des filières de l’agrobusiness, tout Congolais a désormais la possibilité de connaître la filière la plus porteuse. Nous avons élaboré des fiches projets avec des simulations des activités par localité et des marges de bénéfice. Nous avons également mené une étude sur la compétitivité du port de Pointe-Noire. Le but était de savoir ce qu’on pouvait améliorer pour le rendre plus compétitif au niveau de la sous-région. D’autres recherches ont porté sur l’agence des PME, sur la cartographie industrielle, etc. Toutes ces données sont disponibles au niveau du Pade pour tout Congolais.

L.D.B. : Le projet a-t-il connu des difficultés ?

B.N.: Vous conviendrez avec moi qu’un projet a une durée de vie. Le nôtre, bien que lancé, a commencé avec onze mois de retard à cause du non-versement de la contrepartie congolaise. Conscient de cette difficulté, le gouvernement s’est arrangé à ce que l’accord de prêt soit renégocié et que son partenaire, la Banque mondiale, finance entièrement le projet. Il y a eu aussi une instabilité au niveau de l’équipe du projet. Dès que les ressources étaient mises à notre disposition, nous avons travaillé d’arrache-pied. Le taux de décaissement actuel est de plus de 85% et nous avons encore d’autres engagements.

L.D.B. : A l’issue du forum "Investir au Congo", le Pade avait affirmé avoir enregistré seize potentiels investisseurs. Qu’en est –il de ce dossier ?

B.N.: Ce n’était pas de l’utopie. Parmi les promoteurs de projets que nous avons emmenés en France, figuraient ces seize investisseurs. Certains ont signé des accords, d’autres non. Dans le cadre du Pade II, nous allons poursuivre cette action. Ces partenaires, nous les mettons en relation. Tout ce que nous pouvons faire, c’est le suivi. En cas de difficultés, ils peuvent toujours revenir vers le Pade pour d’autres opportunités.

L.D.B. : A quand le Pade II ?

B.N.: Il commencera dès que le gouvernement congolais signera l’accord de prêt avec la Banque mondiale. C’est un long processus. Les deux parties sont déjà convaincues sur ce que sera le futur projet, notamment les activités à réaliser et les objectifs à atteindre. Actuellement, le gouvernement a déjà finalisé le rapport d’évaluation du projet et l'a transmis à la Banque mondiale. Ce qui nous manque, c’est le volet juridique. La mission de la Banque mondiale, qui arrive au congo sous peu, se penchera sur la question.

Propos recueillis par Lopelle Mboussa Gassia

Légendes et crédits photo : 

Le coordonnateur du Pade

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