Interview : Tony C. Bolamba : « Il est temps que nous servions l'Equateur avec abnégation »

Mercredi 29 Mars 2017 - 18:58

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Gouverneur de l’Equateur, Tony Bolamba abat depuis son investiture un travail de titan consistant à tirer cette province de l’état d’apathie qui la gangrène depuis des lustres. Tout un défi personnel pour cet homme ambitieux, fils du terroir, qui entend matérialiser la vision de modernisation du pays chère au Chef de l’Etat, à travers le programme C.E.S.E.E : Communication, Energie, Santé, éducation et emplois. Nonobstant les chants de sirène et les embûches tendues sur son chemin, il avance d’un pas rassuré vers la réalisation des objectifs qu’il s’est assignés dont celui de rendre à l’Equateur sa fierté d’antan. Entretien.    

Les Dépêches de Brazzaville : Comment se porte la province de l’Equateur en ces temps de basse conjoncture que connait le pays ? Comment évaluez-vous à ce stade votre action à la tête de la province ?

Tony Cassius Bolamba : A ce stade de basse conjoncture mondiale, la Province de l'Equateur monte ses marches avec calme et espoir de s'en sortir.

L.D.B : Où en êtes-vous avec votre plan de redressement de l’Equateur du point de vue social et économique ? Etes-vous satisfait de ce qui a été réalisé jusque-là ?

T.C.B : J'ai été élu par les députés provinciaux puis investi par le président de la République suite à un programme de cinq points nommés C.E.S.E.E : Communication, énergie, santé, éducation et emplois. Nous sommes à la deuxième phase de notre programme consacré à l'énergie. J'ai trouvé l'Equateur par terre !

L.D.B : Vous vous êtes assigné plusieurs objectifs dès votre investiture notamment le rétablissement de l’autorité de l’Etat. Pensez-vous que votre vœu soit aujourd’hui exaucé ?  

T.C.B : Je pense que oui !

L.D.B : En trois mois de gestion, sept ministres sur les onze qui composaient votre gouvernement ont démissionné pour des raisons presqu’identiques en stigmatisant, entre autres, votre mégestion. Est-ce vrai, comme disent les mauvaises langues, que vous dirigez la province comme une vile boutique ?

T.C.B : Sept de nos dix ministres ont fui le gouvernement pour des raisons que seuls leurs parrains savent. Mais il y a des démissions qu’on ne regrette jamais ! Heureusement que l'Equateur continue d'avancer et le Gouverneur est toujours là. C'est comme au niveau national, certains avaient quitté le président Joseph Kabila pour former le G7 mais le président est toujours là ! Heureusement que ceux qui me diffamaient se sont tus ! Sinon, la prison de Mbandaka serait remplie d'anciens ministres provinciaux après les conclusions de la justice.

L.D.B : Vos détracteurs vous accusent d’enrichissement illicite, de détournement des deniers publics, de confiscation des attributions de vos ministres et de manque de collaboration. Qu’en dites-vous ?

T.C.B : Chacun à sa conception du mot enrichissement. Pour leur gouverne, qu'ils sachent que je fais des sacrifices que je ne saurais mentionner ici. Humblement je voulais qu'ils sachent qu'avant de devenir Gouverneur de Province, j'avais un travail, j'avais donc une rémunération. Pour moi, faire de la politique n'est pas une profession mais plutôt une mission. C'est un sacerdoce : on sert la République ! Etre investi Gouverneur est certes un honneur mais plus une mission. Le Chef de l'Etat m'a confié une mission : faire le prolongement de sa vision de la modernisation au niveau de la Province de l'Equateur. Et je suis entrain de la remplir avec abnégation et sans état d'âme car les mots Nation, République et Patrie ne sont pas de vains mots pour moi. Je suis un enfant de la République et au service de la République à l'Equateur ! Je ne suis pas un carriériste.

L.D.B : Il vous est également reproché une gestion conflictuelle avec tous les services de sécurité provinciale (ANR, FARDC, PNC, DGM, Parquet général). Qu’en est-il au juste ?

T.C.B : Le changement positif a toujours été difficile à être accepté par certains. Mais les gens doivent s'habituer au changement et je pense que certains qui ne me comprenaient pas ont compris que l'Equateur doit se développer !

L.D.B : Où en êtes-vous avec le projet de construction d’un abattoir, d’une école pilote à Mbandaka ainsi que la réfection de la morgue de la ville, la réhabilitation de l’axe routier Bolomba-Ingende, la réhabilitation des routes de desserte agricole et l’aménagement des sources d’eau potable ?

T.C.B : S'agissant de la morgue, le président de la République avait fait un don mais les compresseurs ont été pillés. Au sujet de l'eau potable, il avait aussi fait un don de sept camions de forage d'eau mais tous ont été pillés. Après les Equatoriens diront que nous sommes les mal aimés de la République ? Alors que nous pillons et volons tout ce que la République met à notre possession ! Quant aux réhabilitations, nous sommes entrain d'attendre le changement des acteurs de la territoriale, on ne développe qu'à partir de la base. Toutefois, cette année ne sera consacrée qu'à l'éclairage public et au projet de notre parc solaire. Revenant sur l'eau potable, je dirai que le projet est déjà en cours et, en harmonie avec la Regideso, l'eau est fournie régulièrement dans la ville, même dans des quartiers jadis abandonnés, ce qui ne se faisait pas avant notre arrivée aux affaires !

 L.D.B : Quelles sont les grandes reformes déjà initiées sous votre égide?

T.C.B : Avant de parler du processus de l'éclairage public que nous avons commencé, notre plus grande réforme est la prise de conscience par les citoyens de l'Equateur de notre devenir. J'ai initié des rencontres républicaines et citoyennes où je fais comprendre à certains de nos compatriotes de l'Equateur le sens de la République et de la citoyenneté. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas connu des troubles chaque 19 quand les oppositions appelaient aux manifestations populaires. Les Equatoriens ont pris conscience que nous devons aimer la République et avancer avec elle !

L.D.B : Quels sont vos rapports avec l’Assemblée provinciale de l’Equateur où certains députés provinciaux ne jurent que par votre limogeage ?

 T.C.B : Avec l'Assemblée provinciale, nous entretenons de bons rapports. Je ne sais pas qui tire des ficelles dans de petites distractions qui arrivent de temps en temps à l'Equateur. Mais que la population sache que je ne l'abandonnerai jamais !

L.D.B : Que vous inspire le blocage actuel du processus de nomination du premier ministre issu des négociations directes Opposition-Majorité sous la facilitation de la Cenco ? Quelle est la recette que vous proposez pour s’en sortir ?

T.C.B : La mauvaise foi de certains ! La RDC a beaucoup de politiciens, moins d'hommes politiques et peu d'hommes d'Etat. C'est un constat personnel que j'assume !

L.D.B : Votre dernier mot !

T.C.B : Je voudrais m'adresser aux Equatoriens partout dans le monde. Nous ne sommes pas les mal aimés de la République, c'est nous-mêmes Equatoriens qui détruisons l'Equateur et cherchons des boucs émissaires ailleurs. Il est temps que nous servions l'Equateur avec abnégation. Je l'ai dit.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba

Notification: 

Non