Interview/Emmanuel Grâce Balehola Miemoubanda : « la crise du Pool est un frein au développement de mes activités »

Dimanche 1 Octobre 2017 - 11:04

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Jeune entrepreneur congolais œuvrant dans la fabrication des vins, du lait de soja et des jus naturels, Emmanuel Grâce Balehola Miemoubanda a présenté récemment ses produits à la deuxième édition de la foire du « produire et du consommer local » regroupant des exploitants agricoles de Brazzaville. Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, il revient, entre autres, sur les difficultés auxquelles il est confronté.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Vous êtes un jeune peu connu des Congolais, alors que vous œuvrez dans le secteur susceptible de générer de nombreux emplois, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

 Emmanuel Grâce Balehola Miemoubanda (EGBM) : « Je suis entrepreneur, fabriquant des jus et boissons bio, notamment des vins, du lait de soja et des jus naturels. J’ai été invité à présenter mes produits artisanaux pour les faire connaître au public congolais qui a l’habitude de les importer. Nous sommes basés à Nganga-Lingolo, à environ 17 km de Brazzaville, précisément à l’arrêt Malga.  

Je suis né à Pointe-Noire, mais je déteste la ville, d’où mon implantation à Nganga-Lingolo. Au village, tout s’apprend auprès des grands parents, en restant en ville, nous perdons toutes nos valeurs. Cette idée m’est venue parce que j’ai grandi dans un monastère au Canada où j’ai appris ce métier. En rentrant au pays, il y a 3 ans, j’ai déposé des dossiers dans les brasseries sans succès alors que j’ai un métier.

LDB : Comment faites-vous pour vous approvisionner en matières premières et quels sont les bénéficies que vous en tirez après la fabrication des produits ?

 EGBM : J’ai du matériel pour traiter les jus qui proviennent du département du Pool et d’autres sont stockés au port de Brazzaville faute de moyens financiers pour les dédouaner. J’ai une petite expérience d’autant plus que je dirige un orphelinat. Les jeunes m’aident pour le transport de la matière première en provenance du Pool.

Cela coûte cher avec les tracasseries de la route. Dans tout ce que je fais, je gagne seulement 5%. La crise du Pool est un frein au développement de mes activités. Nous rencontrons de sérieuses difficultés dans le Pool.

LDB : Outre les tracasseries du Pool, la concurrence sur marché n’a-t-elle pas de répercussions sur votre activité ?

EGBM : La majorité des gens qui sont à Kinkala m’appellent souvent lorsqu’ils organisent des manifestations. Sur le terrain, nous avons des difficultés avec les bouteilles Heineken, je ne peux pas livrer les produits dans les supermarchés parce que les bouteilles sont estampillées de cette marque. Le plus grand problème au Congo, c’est que nous n’avons pas une verrerie. Je suis obligé d’acheter les intrants à l’international notamment en République démocratique du Congo (RDC) et au Cameroun.

LDB : Avez-vous un appel à lancer aux pouvoirs publics ?

EGBM : Depuis que j’ai commencé, je n’ai pas encore bénéficié d’un soutien quelconque. Nous interpellons donc les ministres des PME et de l’artisanat, de la Jeunesse et de l’éducation civique parcequ'à ce jour, toutes nos doléances sont restées sans suite.

La foire du « produire et du consommer local » était une occasion pour nous de nous présenter au public. Mon souhait est que nous puissions créer une usine de fabrication des produits agro-alimentaires au Congo. S’agissant de la crise du Pool, c’est un département à fortes potentialités économiques qu’il faut pacifier afin de mettre fin aux tueries.

Propos recueillis par Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Emmanuel Grâce Balehola Miemoubanda présentant ses produits à la mairie de Ouenzé ; crédit photo Adiac

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