Interview.Tony C. Bolamba : « Je ne suis pas candidat gouverneur par ambition personnelle »

Mercredi 24 Février 2016 - 18:41

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Dans un entretien à bâtons rompus avec les Dépêches de Brazzaville, le président du Mouvement pour le Congo livre les grands traits de son programme de gouvernance pour le développement de l’Équateur. Postulant à la tête de cette province, il sollicite le suffrage des députés provinciaux tout en appelant à leur sens élevé de patriotisme afin que le 26 mars, seules les idées triomphent en lieu et place des considérations partisanes et mercantiles.        

Les Dépêches de Brazzaville : Vous êtes candidat gouverneur à l’Équateur, une province en déliquescence où le déficit de développement est criant…   

Tony Cassius Bolamba : C’est la mauvaise gouvernance de nos précédents gouverneurs qui est à la base de cette situation. En tant qu’homme d’État, je ne suis pas là pour critiquer mais pour réparer. L’Équateur a tous les atouts pour booster l’économie nationale et éradiquer le chômage à une grande échelle. Nous devons commencer par résoudre l’équation de l‘énergie et des infrastructures. Sachez que sur les 14.000 km des routes que compte la province, il n’y a que 43 km qui sont asphaltées. Il y a aussi l’agriculture qui constitue un secteur prioritaire. Parlant de l’énergie, il faudrait penser construire un grand centre ou parc solaire car, le soleil, nous l’avons tout naturellement vu les conditions géologiques et atmosphériques qui sont les nôtres. En résolvant le déficit de l’énergie, nous pourrions alors développer l’agriculture, la pêche, l’élevage et le tourisme. Et les 75% des recettes que rétrocède le gouvernèrent central aux provinces vont contribuer à impulser le développement dans les secteurs que je viens d’énumérer notamment par la création des routes agricoles. Ce qui pourra générer de l’emploi et permettre d‘avoir une agriculture cadrée censée augmenter les productions et les recettes à l’export. À propos de l’agriculture, il est à noter que ce secteur souffre aussi d’un très grand déficit parce que le gouvernement central ne finance qu’à hauteur de 75% les rétrocessions, l’autre partie devant être compensée par les fonds propres de la province.

LDB : Sur quoi fondez-vous votre optimisme qui tranche avec les réalités de terrain ?

TCB : L’Équateur peut, si les secteurs porteurs de croissance ci-haut évoqués sont bien cadrés, s’autofinancer. Rien que pour l’agriculture, nous avons approximativement 33 millions des terres arables, or 5% à peine sont exploitées. D‘après le constat que j‘ai faiT sur le terrain, il ressort que sur les 75% des recettes rétrocédées par l’exécutif national, plus de 60% sont affectées dans des dépenses de souveraineté et seulement 15% aux secteurs prioritaires. C’est très peu pour sortir un peuple de la pauvreté. Élu gouverneur, je tenterai d’inverser la tendance. Car j’estime que si nous affectons 75% ou 60% du budget provincial aux secteurs prioritaires (éducation, santé, agriculture, etc.), cela va générer de l’emploi et va baisser l’oisiveté et la délinquance juvénile. Le secteur comme celui de la police sera là pour dissuader et non seulement pour intervenir. Ce n‘est pas aussi magique ! Il faut avoir une vision.

LDB : C’est dire qu’il n’y a pas de province pauvre en RDC !     

TCB : En RDC, aucune province n’est pauvre. C’est ainsi que j’apprécie la mise en exécution de l‘article 2 de la Constitution sur le découpage du pays en vingt-six provinces qui astreint chacune d’elle à l‘effort pour son développement intégral. Le cas des États-Unis d’Amérique est éloquent à ce sujet. Chaque gouverneur est au centre du développement de son entité avec un programme de gouvernance matérialisé en synergie avec le pouvoir central. Moi, j’ai cette vision de rénover  l’Équateur, de rénover les infrastructures, la santé, l’éducation, etc., et les moyens sont disponibles.

LDB : Avez-vous les moyens financiers pour faire face à un enjeu électoral où les considérations pécuniaires priment généralement sur le bons sens ?    

TCB : Lorsque j’ai dit à certains que je serai candidat à l’Équateur, on m’a dit que je n’avais pas d’argent et que je ne pouvais pas être élu parce que les députés provinciaux de l’Équateur n’ont aucune moralité et n‘aiment que l’argent. Je pense que c’est une vision erronée qu’on a des gens de l’Équateur. Tout ce que je sais est que le 26 mars prochain, sauf changement de date, les députés provinciaux de l’Équateur adhéreront à mon programme qui est conçu pour l’avenir de la province. Je ne suis pas candidat par ambition personnelle. Je suis candidat parce que j‘ai un devoir. Je suis républicain, j‘ai des racines à l’Équateur. J’ai foi en la République tout en ayant confiance à notre province qui demain va participer de manière accrue au développement du pays.

LDB : Votre jeune âge ne risque-t-il pas de compromettre vos chances ?   

TCB : J’ai une expérience. Raison pour laquelle je ne parle pas de mes études. J’aime plutôt parler de mes expériences. J’ai été chef d’entreprise et directeur de société dans des nombreux pays étrangers. J’ai dirigé des sociétés où j’ai été employé à des fonctions de direction où j’ai eu à gérer d’autres compétences. J’estime que mon expérience tant en international que sur le plan local est une chance pour l’Équateur. L’expérience de gouvernance n’est pas palpable. Je pourrai m‘appuyer sur les expériences et les expertises des secteurs privés que j’ai dirigés. Je dirai d’ailleurs qu’un gouverneur peut être assimilé à un chef d’entreprise. Avec mon jeune âge, l’Équateur vit l’état de faillite dans lequel il se retrouve. Il faut, pour ce faire, le dynamisme d’un gouverneur qui se réveille à 4 heures du matin pour se coucher à 1 heure du matin. Je le fais déjà à titre privé. J’ai le dynamisme requis pour diriger. Je pense même que ma jeunesse est un atout pour diriger une province en faillite tel que l’Équateur.

LDB : Le sous-développement de l’Équateur n’est-il pas aussi le fait de sa marginalisation forcée par les tenants du pouvoir actuel ?

TCB : Je crois à la RDC, je ne peux que croire en nos provinces. Nous devons faire en sorte que l’Équateur qui est malade soit soignée en synergie avec le gouvernement central sur lequel je m’appuierai pour mener des réformes courageuses pour l’essor de la République. Je pense que c’est un problème de gouvernance. On ne doit pas chercher à indexer qui que ce soit, ni politiser nos faiblesses. L’enfer, c’est les autres. Le bouc émissaire, c’est nous-mêmes. Élu gouverneur, vous verrez comment l’Équateur va se développer en trois ans parce que je vais mettre en place des stratégies de développement murement réfléchies. Je gouvernerai avec tout le monde, je ne serai pas le gouverneur d’un camp politique.

LDB : Vos convictions par rapport au dialogue sont-elles restées inchangées ?

TCB : Je reste constant. L’Afrique a beaucoup fait des progrès. Nous devons chercher à avoir des échanges, une sorte de compréhension permanente car on ne vit pas que pour la raison mais plus pour la compréhension. Raison pour laquelle on a offert ce cadre de dialogue afin que nos dissensions et nos divergences par rapport à nos approches de gestion politique soient débattus autour d’une table.

LDB : Que dites-vous de ceux qui continuent à faire une fixation sur le respect du délai constitutionnel ?   

TCB : Je ne suis pas là pour condamner qui que ce soit. Je ne suis pas un activiste et je me vois très mal en train de commenter le chemin qu’emprunte l’opposition. Un jour à Washington, j’ai dit ouvertement à Vital Kamerhe ceci : « Vous êtes un homme intelligent, mais à chaque fois que vous vous associez avec les moins intelligents, vous devenez de moins en moins lucide ». Je constate qu’on le tire vers le bas alors que c’est un monsieur d’une grande intelligence. Bref, j’ai toujours été pour le dialogue, j’ai toujours milité pour le dialogue permanent. En 1997, toutes les solutions idoines que le feu Maréchal Mobutu voulait apporter au pays avaient été refusées par l’opposition. C’est l’AFDL qui est venu d’ailleurs qui a finalement pris le pouvoir. Nous ne voulons plus de ces genres d’histoires des rebellions dans notre pays.  Nous souhaitons qu’il y ait des passations du pouvoir pacifiques ou encore des continuités du pouvoir sans que ceux qui sont aux affaires ne lèsent les autres. Que tout se passe d’une manière républicaine, civilisée et citoyenne parce que nous sommes tous enfants d’un même pays, la RDC.

LDB : Les activités de votre association, le Mouvement pour le Congo, paraissent tourner au ralenti depuis un certain temps. Qu’en est-il ?    

TCB : Les activités ne tournent pas au ralenti. Nous suivons le tempo de la République. Actuellement, bien des esprits sont surchauffés sur fond des tensions préélectorales, voilà pourquoi nous en tant qu’association qui prône le développement et les valeurs républicaines, nous devons continuer à apporter notre voix d’une manière très réfléchie au vu de la situation politique que traverse notre pays. Raison pour laquelle nous avons observé un petit silence qui nous aide à écouter pour réagir en toute connaissance cause.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba

Notification: 

Non