Jean Bofane : « Le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si le Congo n’existait pas »

Jeudi 5 Mai 2016 - 14:45

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Le think tank « Le Cercle d’excellence » de Bruxelles a organisé, le 29 avril, un dîner de réflexion sur le thème « L’apport économique de la diaspora africaine en Europe ». L’écrivain congolais In Koli Jean Bofane étaient l’un des deux intervenants du jour. 

L’auteur des romans « Congo Inc. Le testament de Bysmarck » et « Mathématiques congolaises » a fait savoir que ses livres sont le reflet de son parcours de vie et de son parcours professionnel. Publicitaire de formation, il a exercé plusieurs métiers avant de se lancer dans l’écriture. « Le problème de l’image de l’Africain me taraudait l’esprit. J’ai une formation de publicitaire et la publicité c’est l’image », a-t-il indiqué. Parlant de son premier roman « Mathématiques congolaises », qui a nécessité quatre ans de travail, il a estimé qu’il voulait monter ce que les caméras ne montrent pas, c’est-à-dire l’âme des Africains. « Il fallait apporter une parole qui puise être éparpillée en un temps record. Je voulais écrire des ouvrages qui marquent les esprits une fois pour toutes. Il fallait une nouvelle langue particulière et singulière ainsi qu’un nouveau rythme. Je voulais aussi mettre en place une littérature congolaise de la RDC. » Le roman, a-t-il révélé, a directement été un succès. Il a obtenu 9 nominations dans les concours et a remporté 3 prix littéraires. « Je suis aujourd’hui invité et lu dans les universités du monde entier, puisque j’ai réussi la gageure d’offrir une nouvelle littérature », a fait savoir Jean Bofane.

Susciter d’autres talents

Fort de son succès littéraire, l’écrivain a refusé d’être une exception congolaise. C’est ainsi qu’il a « poussé » son jeune compatriote Fiston Mwanza Mujila dans la rédaction des romans, dont le premier « Tram 83 », est aujourd’hui traduit en dix langues. « C’est aussi ça le rôle de cette diaspora. Je voulais changer l’image de cette diaspora. Cela fait des siècles qu’on pense du mal de nous. On nous a dit qui nous étions, qui nous avons été et on nous dit même qui nous allons devenir », a déclaré Jean Bofane. C’est dans cet esprit, a-t-il affirmé, qu’il a écrit son deuxième roman Congo Inc. Le testament de bysmarck. « Je montre le rôle de l’Afrique mais surtout celui du Congo avec un postulat simple : le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si le Congo n’existait pas. Le livre est sorti depuis deux ans et je n’ai encore trouvé personne pour me contredire. J’y explique le rôle du Congo, de l’Afrique et des Africains dans la mondialisation », a-t-il fait savoir. Jean Bofane a déclaré écrire avec beaucoup de sincérité et donner le maximum dans l’écriture d’une œuvre. « Je tiens compte du lecteur, du public et de la langue que j’essaie de traiter du mieux possible. Je travaille sur des tragédies humaines, mais pourtant on y rigole beaucoup. Il ne faut pas penser à l’argent quand vous créez. Il faut être le plus sincère possible. Si vous faites un excellent travail, votre talent sera reconnu et l’œuvre s’imposera », a-t-il dit.

De la littérature au cinéma

Jean Bofane a également révélé que son roman Mathématiques congolaises serait bientôt adapté au cinéma. « Il y a une option sur les droits du roman et il sera adapté au cinéma. Le temps du cinéma est assez long. J’ai signé le contrat il y a deux ans mais il faut attendre encore un peu. Pour l’instant, les producteurs travaillent avec un réalisateur qui devrait réaliser le film. Ils veulent absolument que ça soit un réalisateur congolais. Pour l’instant, ils ont jeté leur dévolu sur un jeune réalisateur compétent mais qui n’a jamais fait de fiction. Ils lui font donc réaliser une fiction et s’il réussit, il pourra réaliser Mathématiques congolaises », a fait savoir l’écrivain. Parlant du rôle de la diaspora en Europe, il a fait un parallélisme avec les personnages de son roman où il n’existe pas de second rôle car chacun joue le premier rôle. L’écrivain également fait savoir qu’il avait un projet pour Kinshasa lié au domaine de l’édition, sans toutefois en révéler la teneur. La cérémonie s’est achevée par la vente des livres des deux intervenants ainsi que par une séance de dédicaces.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Jean Bofane pendant son intervention

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