Jean Marie Tassoua: « le Congo n'a pas besoin de violence"

Jeudi 16 Octobre 2014 - 19:30

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Victime d’une attaque de sa maison dans la nuit du 22 au 23 septembre dernier à Impfondo, chef-lieu du département de la Likouala, le président du Conseil économique et social (CES) était le 15 octobre face à la presse. Au cours de cet échange organisé à son domicile à Brazzaville, Jean-Marie Tassoua a dénoncé le « mutisme assourdissant » des autorités départementales de la force publique.

Devant les chevaliers de la plume et du micro, Jean-Marie Tassoua a indiqué que l’information sur cette attaque dont il pense qu'elle le visait personnellement, n’était pas un scénario qu’il aurait organisé pour se mettre en vedette comme certains l'ont pensé. « Le hasard n’existe pas, je crois profondément que cela est vrai, parce que parmi les éléments de ma sécurité qui m’avaient accompagné, quelqu’un voulait qu’on passe la nuit à Impfondo parce qu’il avait un terrain qu’il voulait entretenir. Je n’ai pas eu d’objection, mais à un moment donné, j’ai eu l’intuition de dire non, il faut partir d’ici. J’ai préféré prendre le risque de naviguer de nuit pour aller à Ibenga, c’est ce qui m’a sauvé la vie», a expliqué l’orateur.

En effet, selon ses explications, il était parti d’Impfondo le 22 septembre aux environs de 16 heures via Dongou, pour se rendre à Ibenga à 86 km. Jean-Marie Tassoua a annoncé que, d’après ses sources, il était prévu qu'on attente à sa vie sur le pont de Bonzalé. « Mais, quand ils ont vu venir le chauffeur, ils ont pensé que je n’avais plus voyagé que je devais dormir à Impfondo. C’est à ce moment-là que la décision a été prise pour m’assassiner à Impfondo. Il y avait quatre personnes dont l’une était dans la rue en train de faire le guet, deux avaient chacune des grenades en main et la quatrième avait le PMAK », a-t-il ajouté.

Au lendemain de l'attaque de son domicile, le président du CES a rencontré le commandant de zone, qui est également le chef de la sécurité dans le département de la Likouala, en présence du commandant de la gendarmerie, des directeurs départementaux de la surveillance du territoire et de la police pour leur faire part de son émotion et de sa tristesse. Il leur a demandé d’ouvrir une enquête nécessaire pour traquer les assaillants. « Quand j’ai été informé de cela, je suis arrivé très tôt à Impfondo, ma première démarche était de voir la force publique parce que je crois profondément à notre force publique et à notre justice. Mais onze jours plus tard, je suis repassé à Impfondo à leur demande, mais je croyais tomber de nuit parce qu’on peut être incompétent, mais il y a des choses où le ridicule discute au grotesque. Monsieur le président, nous voulons vous écouter aussi parce que notre enquête pourrait laisser penser que vos collaborateurs civils et militaires sont mécontents de leur sort et c’est de la sorte qu’ils ont agi pour s’exprimer », a expliqué.

Une réponse que Jean-Marie Tassoua n’a pas pu digérer puisqu’il appelle la police, la gendarmerie et les forces armées congolaises à la responsabilité. Le terrorisme ne peut pas, a-t-il dénoncé, aller jusqu’à toucher le cœur du système politique. « Il y a un mutisme assourdissant qui accompagne cela, je dis non, ce n’est pas bon pour le pays. Hier c’est moi qui étais la cible, mais demain chacun de vous peut aussi être la cible potentielle. Au-dessus de la République, il y a l’Etat, quand un Etat peut laisser proliférer des terroristes, des hors-la-loi, c’est un problème. Je suis modestement responsable, je pense que le Congo n’a pas besoin de cela », a-t-il critiqué.

Le sort des auteurs présumés

Insistant sur la notion de paix qui doit regner dans le pays, l’orateur a déclaré qu’assassiner un responsable dans son lit avec des armes, est un signe de la guerre. Se disant homme de dialogue, il a demandé aux Congolais de proscrire la violence sous toutes ses formes et de privilégier le débat politique tout en respectant la vie humaine. « Nous avons certes des ennemis, mais il ne faut pas aller à la guerre. C’est toujours bien de laisser le droit s’exprimer. Ce qui s’était passé chez moi est inacceptable. Les auteurs de ce coup seront rattrapés un jour, j’ai confiance en la justice et en la force publique de mon pays. Chaque vie est une pièce précieuse qu’il faut préserver », a conclu Jean-Marie Tassoua.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Jean-Marie Tassoua, lors de la conférence de presse ; crédit photo Adiac