Journée nationale de la presse : FFJ recense soixante-sept cas de violations des droits d’informer et d’être informé

Lundi 22 Juillet 2013 - 19:30

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Les statistiques sont contenues dans le rapport semestriel de monitoring couvrant la période allant de janvier à juillet.

L’ONG de défense et de promotion de la liberté des médias, Freedom for journalist (FFJ) a publié, le 22 juillet à son siège, à Gombe, son rapport semestriel de monitoring des cas d’atteinte à la liberté de la presse couvrant la période allant du 1er janvier au 21 juillet dans le pays. C’était devant les journalistes réunis à l’occasion de la célébration de la journée nationale de la presse.

Selon cette association, au cours de la période susmentionnée, la profession a enregistré soixante-sept cas d’atteinte aux droits civiles et politiques du journaliste et au droit du public à l’information. Dans cet exercice, l’ONG a répertorié toutes les typologies allant de l’assassinat à l’entrave à la libre circulation de l’information.

L’ONG a, en effet, attribué toutes les commissions liées à l’entrave à la libre circulation au ministère des Médias. L’Organisation lui reproche d’avoir notamment interdit successivement la diffusion de deux films produits par des journalistes. Il s’agit de « Sankuru : enfer ou paradis oublié » et de « Affaire Chebeya, un crime d’Etat ? ». « FFJ craint que le chiffre global allant d’août à décembre triple ou quadruple sur les autres typologies au regard de regain d’atteintes à la liberté de la presse, sans cesse rapportées ces derniers temps dans l’est du pays », a souligné le directeur exécutif de l'ONG, Désiré-Israël Kazadi.

Ni premier ni dernier

Comparant ces chiffres aux statistiques de 2012, FFJ a noté une légère baisse. Mais, pour  l'ONG, cela n’est pas suffisant pour que la RDC soit comptée parmi les États qui respectent la liberté des médias, alors que des statistiques récemment publiées par une organisation de droit étranger cité par FFJ placent la RDC presqu’au milieu d’autres États en matière de respect de la liberté de la presse. Ce qui veut dire que le pays n’est ni premier ni dernier en terme de classement des pays respectueux de la liberté d’informer et du droit du public à l’information. « Des prédateurs de la liberté de la presse utilisent les mêmes modes opératoires, soit intimider, incarcérer ou carrément ôter la vie », a noté Désiré-Israël Kazadi.

Appel à la responsabilité de la profession

Cette activité organisée par FFJ a bénéficié de l’apport des deux grandes figures de la presse en RDC. Il s’agit du secrétaire général de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Joseph Boucard Kasonga Tshilunde, et du président de l’Observatoire des médias congolais (Omec) et l'éditeur responsable du quotidien Le Phare, Polydor Muboyayi.

Ces deux personnalités, qui ont expliqué la genèse de cette journée et relevé les maux qui rongent la profession, ont appelé à la responsabilité des professionnels des médias. « Nous devons améliorer l’image de la presse, revaloriser la profession tant sur le plan économique que de la rédaction afin  d’être à mesure de répondre aux besoins de la société congolaise », a précisé Joseph Boucard Kasonga. Alors que le président de l’Omec a insisté sur le respect du code d’éthique et de déontologie. « Vous devez avoir le sens de responsabilité, de retenue et rester otages de la vérité. Mais vous ne devez également rien diffuser sans croiser les sources », a noté Polydor Muboyayi.

Dans les recommandations, FFJ a réitéré sa demande de la grâce présidentielle au profit d’un journaliste condamné à vingt ans de prison ferme et qui serait sérieusement malade. L’ONG a également sollicité du gouvernement, la main levée sur la diffusion de deux films précités, la cessation des incursions, à travers le ministère des Médias, sur les matières qui n’entrent pas dans ses prérogatives, à ordonner la réouverture de Radio télévision Lisanga et Canal Futur télévision. Elle a aussi exhorté à cesser de museler les médias sous prétextes des obligations administratives ou fiscales et de créer un environnement propice à l’exercice de la liberté de la presse.

L’ONG a aussi appelé le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication à jouer pleinement son rôle, à s’impliquer dans le rétablissement du signal des médias sanctionnés et à cesser de formaliser des décisions politiques prises contre les médias de l’opposition. Alors que les organisations professionnelles ont été appelées à intensifier les formations pédagogiques en lien avec la déontologie.

Une structure d'assistance

L'ONG a également, à cette occasion, présenté à la corporation sa cellule d'assistance et d'accompagnement des professionnelles des médias devant les instances judiciaires et administratives, qui est conduite par Me Gerard NKashama. Ce dernier a appelé les journalistes et autres professionnels des médias à mettre à profit le point 6 du vade mecum, qui les invite à toujours se faire assister par des avocats, devant les insatances judiciaires. "Il faut faire appel à FFJ lorsque l'on est convoqué ou interpellé. L'ONG est prête à vous accompagner, en mettant gratuitement à votre disposition des avocats membres de cette cellule", a souligné Me Gerard Nkashama.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Les orateurs devant les journalistes/ Photo LDB