Kenya: le président Uhuru Kenyatta attendu devant la CPI

Jeudi 2 Octobre 2014 - 13:45

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Accusé de crimes contre l’humanité par la CPI après les violences électorales de 2007 et 2008, l’actuel président kenyan, Uhuru kenyatta, est appelé à se présenter devant les juges de la Cour pénale internationale à La Haye, le 8 octobre où l’on fera le point sur la préparation de son procès.

Reste à savoir si le chef de l’État kenyan se rendra effectivement à la CPI puisque la coalition au pouvoir dans son pays est fortement hostile à la CPI. À cela s’ajoute le fait que ses avocats ont déposé récemment une requête pour que la date suscitée soit reportée et qu’il puisse se présenter en vidéo-conférence.  Pour toute raison sur ce report souhaité de la tenue de la conférence de mise en état, les avocats du prévenu ont évoqué sa participation au sommet régional à Kampala, le 8 octobre. Cette proposition n’a pas été rejetée par la CPI mais, les victimes s’en sont vivement opposées. Quant à l’avocat des victimes, Fergal Gaynor, il a souligné que la demande des autorités kényanes ne pouvait d’aucune manière être acceptée parce que son impact serait négatif vue qu’elle allait donner le sentiment d’un accusé privilégié.

En attendant ce que le président Uhuru Kenyatta pourra décider en dernier ressort, il faut noter que s’il se pliait à la décision des juges de se rendre à La Haye, il sera le premier chef d’État en exercice à se présenter devant la Cour pénale internationale. Entre temps, son refus risque de mener à un mandat d’arrêt. Pourtant la procureure qui admet n’avoir pas assez de preuves, accuse le gouvernement de ne pas coopérer avec la cour, notamment sur la question des avoirs financiers du chef de l’État kényan.

Le procès du président Kenyan devait en principe s’ouvrir en novembre 2013, mais il n’a cessé d’être reporté faute de disponibilité de ses témoins, mais aussi et surtout parce que l’Union africaine ne cesse de faire pression sur la CPI en vue de son annulation. L’Afrique en effet, continue de menacer de se retirer de la juridiction estimant que les procès de la CPI ne sont qu’une « distraction » et que pour le cas du Kenya, ils empêchent Uhuru Kenyatta de s’occuper des vrais problèmes de son pays.  La plupart des dirigeants africains voient dans cette affaire et dans bien d’autres visant les dirgeants des pays du continent « une humiliation pour l’Afrique en général et pour leur pays ».

Poursuivi pour les violences postélectorales de 2007-2008 dans son pays, qui avaient fait plus de 1 000 morts et entraîné plus de 600 000 déplacés, l’actuel président kényan n’a nullement l’intention de se présenter devant la CPI. Jusqu’à l’heure actuelle il plaide non coupable. Son pays a déjà déposé des requêtes au Conseil de sécurité demandant de suspendre ou de mettre fin aux poursuites de ses dirigeants. La comparution d’Uhuru Kenyatta, premier chef d’État en exercice à être jugé par la CPI est donc fortement critiquée par les pays africains et de nombreux Kényans. Tous disent que cette juridiction est « au service du néocolonialisme ». C’est fort de cela que les députés kényans avaient adopté une motion réclamant le retrait du Kenya du Statut de Rome fondateur de la CPI.

Outre le Kenya, la CPI a ouvert des enquêtes dans huit pays africains depuis son entrée en fonction en 2003. Il s’agit notamment de la Côte d’Ivoire, de la Libye, du Soudan, de la RD-Congo, de la Centrafrique, de l’Ouganda et du Mali. Ce qui vaut des critiques à la cour, notamment de la part de l’Union africaine  qui l’accuse de mener « une sorte de chasse raciale ».

 

 

Nestor N'Gampoula