Kolwezi : la pollution de la Sicomines expose la population à la contamination

Mercredi 14 Septembre 2016 - 16:36

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Un recensement réalisé par les membres de l’Asadho et de l’ADDH, en collaboration avec le chef du village Noa et le chef du quartier Yenge, a déjà dénombré 151 victimes de cette pollution réparties dans les principaux villages concernés.

Dans un communiqué conjoint publié le 14 septembre, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) et l’Action pour la défense des droits humains (ADDH, basées respectivement à Kinshasa et à Kolwezi,  ont accusé la société minière Sicomines de la pollution de la rivière Luilu, dans la province de Lualaba, exposant ainsi la population de la ville de Kolwezi à des maladies.

Citant la population des villages Yenge, Noa et Sapatelo, ces deux ONG de défense des droits de l’homme ont, en effet, fait constater la pollution, le 7 septembre, aux environs de 11 heures locales, de ces eaux par des produits de couleur noire qui dégageaient des odeurs nauséabondes. « Contactées par les communautés de Noa, les membres de nos organisations sont descendus sur place pour constater que la rivière était contaminée par les produits toxiques déversés par la société minière Sicomines, en causant des dégâts aux villages situés aux abords de la rivière Luilu, à savoir Yenge, Noa, Sapatelo, Tshimpuki, Ngonga, Pambeji Sept, Ki jusqu’au fleuve Congo, à plus ou moins 30 km en aval », ont relevé ces deux ONG. Elles ont, par ailleurs, noté qu’un communiqué du gouvernement provincial du Lualaba, diffusé sur une chaîne locale, avait demandé aux populations riveraines de ne pas utiliser ou consommer l’eau de la rivière Luilu qui était contaminée par des produits toxiques «à la suite d'un disfonctionnement au sein d’une société minière de la place ».

Ces organisations ont, par ailleurs, dit avoir contacté les responsables de la société incriminée pour avoir leurs versions de faits, mais ces derniers ont refusé de répondre à leurs questions. En attendant, les deux ONG ont relevé que du 7 au 8 septembre, les populations riveraines n’ont pas eu accès à l’eau potable. « C’est seulement à partir du 9 septembre à 17 h 25 qu’un camion-citerne appartenant à la Sicomines est arrivé aux villages Noa et Sapatelo pour ravitailler les populations en eau potable alors que celles de Yenge ne bénéficient d’aucune goutte d’eau et sont obligées de se rendre à 15km pour s’approvisionner en eau », ont déploré l’Asadho et l’ADDH.

Cent cinquante et une victimes déjà recensées

Ces deux organisations ont fait observer que tous les villages affectés par cette pollution vivent des produits maraîchers et des potagers qu’ils arrosent quotidiennement avec de l’eau de la rivière Luilu. Ainsi, à la suite du recensement fait par les membres de ces organisations, en collaboration avec le chef du Village Noa et le chef du quartier Yenge, il a déjà été dénombré jusqu’à ce jour, 151 victimes de cette pollution réparties dans les principaux villages concernés dont soixante-quinze à Yenge, soixante-deux à Noa et quatorze à Sapatelo. « Et le recensement continue dans le reste des villages longeant la rivière Luilu », ont prévenu ces ONG qui ont noté que ces dommages exigent des réparations urgentes de la part de la société Sicomines.

C’est dans ce sens que ces ONG attendent de la société incriminée d’indemniser de manière équitable les victimes de la pollution à partir du village Yenge jusqu’au fleuve Lualaba ; de dépolluer la rivière à partir du village Yenge jusqu’au fleuve Lualaba ; de considérer tous les villages le long de la rivière Luilu comme des entités impactées par son projet minier et de forer les puits d’eau au profit de tous les villages touchés par cette pollution.

Ces deux organisations exhortent l’Assemblée provinciale d’interpeller Sicomines et d’initier une enquête afin d’établir les responsabilités et de veiller à ce que les membres de la commission mise en place pour s’occuper de l’indemnisation des victimes s’abstiennent de tout acte de compromission au détriment des victimes. Le gouvernement provincial, lui, a été appelé à veiller à ce que la rivière soit dépolluée et réhabilitée conformément aux normes nationales et internationales en la matière; et de veiller à une indemnisation équitable et juste de toutes les victimes. Par ailleurs, ces ONG attendent de la société civile du Lualaba un accompagnement des victimes dans tout le processus d’indemnisation et qu'elle veille à ce que les membres de la commission mise en place accomplissent leur travail au profit des victimes.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Un enfant victime de la pollution de l'environnement au Katanga (Archives)

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