Le pape François déterminé à poursuivre les réformes

Lundi 7 Décembre 2015 - 18:54

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Scandales, rumeurs et humeurs, de toute sorte, n’arrêtent pas le pape dans sa volonté de réformer les choses à la hiérarchie de l’Eglise catholique.

« Les réformes vont se poursuivre ». C’est d’un ton calme mais déterminé que le pape François a prononcé ces mots, lors d’une visite surprise à une réunion du Conseil économique, jeudi dernier au Vatican. Le pape est venu remercier cette institution nouvellement créée pour éplucher les comptes du Saint-Siège, disséquer l’agir de la hiérarchie de l’Eglise en matière d’orthodoxie financière et d’adéquation du Vatican aux normes internationales en vigueur pour lutter notamment contre le blanchiment d’argent. Il est venu dire que leur travail devait se poursuivre.

Le Souverain pontife a confirmé le rôle central de ce Conseil dans le processus de réforme dans lequel, a-t-il dit, il était personnellement engagé et qui ne doit subir ni amoindrissement ni ralentissement de cadence. Le chef de l’Eglise catholique a semblé lancer un message en direction des bougons qui, au Vatican ou à l’extérieur, semblent ne pas bien s’accommoder du vent nouveau qui y souffle. Anciens hiérarques épinglés pour leurs goûts dispendieux, hauts-prélats remerciés et renvoyés à leurs paroisses – « leur place naturelle » -, lutte contre la corruption : le travail du Saint-Père se donne à voir dans tous les domaines.

Car, en plus de la réforme purement administrative, le chef de l’Eglise catholique s’adonne aussi à rappeler à l’essentiel théologique: l’Eglise n’est pas une ONG ni une entreprise, il s’agit d’une communauté de baptisés dont la place privilégiée est celle accordée aux pauvres. Chaque matin, durant ses messes matinales dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, la modeste résidence qu’il occupe à côté de la basilique Saint-Pierre (et loin des lambris et ors des appartements pontificaux traditionnels), il pointe les déviances et les travers : « un prêtre attaché à l’argent a raté sa vocation », rappelait-il récemment.

Ce discours, beaucoup ne l’entendent pas avec une oreille attentive et patiente. Certains ruent dans les brancards. Cette semaine, le procès dit Vatileaks2 contre notamment des membres d’une commission pontificale ayant livré des informations réservées à la presse s’est poursuivi. Dans la même détermination, le Saint-Siège a publié un communiqué pour réaffirmer que la justice vaticane était celle d’un Etat souverain, assurée par des personnes hautement qualifiées et toutes inscrites au barreau et possédant, en plus de leurs titres académiques, au moins un doctorat en droit canonique, le droit qui gère l’Eglise. Une manière là aussi de balayer les critiques et les atermoiements  à cause des poursuites engagées contre deux journalistes impliqués dans ce scandale et auteurs de deux livres irritant.

Pendant ce temps aussi, la justice vaticane poursuit, imperturbable, sa propre enquête sur des opérations illégales menées à l’Administration du patrimoine du Siège apostolique, puissant organisme chargé de gérer le patrimoine immobilier du Vatican. Un banquier italien est notamment impliqué. Il a agi en relation avec des officiels du Saint-Siège. Mercredi dernier, la justice italienne saisie par le Vatican a mené des perquisitions à la banque Banca Finnat. Des documents y ont été saisis. L’enquête avait démarré en 2013 après l’arrestation d’un haut-prélat traduit en justice pour blanchiment d’argent.

Les résistances à la volonté du pape prennent des formes variées mais elles existent. Or, le chef de l’Eglise catholique est déterminée, a assuré récemment son porte-parole, le père Federico Lombardi, à aller de l’avant pour une « bonne administration,  la justice et la transparence ». Et si cela gêne d’aucuns, le Souverain pontife n’en a cure. « C'est évidemment la volonté du pape François et il ne manque certainement pas au Vatican de personnes prêtes à collaborer en toute loyauté et avec toutes leurs forces », a fermement ajouté le père Lombardi.

Lucien Mpama

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