Les immortelles chansons d’Afrique : « Nzinzi » de King Kester Emeneya

Jeudi 13 Février 2020 - 20:30

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King Kester Emeneya s’est éteint le 13 février 2014, un jour avant la Saint Valentin. Aujourd’hui, six ans après sa disparition, l’éclat de sa chanson « Nzinzi » continue de briller au firmament de la musique africaine.

Enregistré grâce au soutien des frères Fataki (Fofo et Freddy) qui utilisaient deux synthétiseurs et faisaient de la programmation musicale assistée par ordinateur, « Nzinzi» est une chanson qui emprunte le flow « RnB », rythme and blues. Cette approche musicale jusque-là jamais exploitée au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) va soulever une vague d’incompréhension au sein du public kinois encore habitué avec le « sébène », rythme saccadé, devenu aujourd’hui « ndombolo ».

Emeneya va être également incompris par ses pairs. Tabu Ley et Abeti vont lui reprocher le fait d’abonner son style habituel communément appelé « mbokamboka ». Brazzaville, par contre, avait bien accueilli ce morceau.

En effet, ce genre adopté par Kester figurait déjà dans les répertoires des artistes comme Sammy Massamba, Tanawa, Samba Ngo des Mbamina. Le vent du hip hop soufflait déjà au début des années 80, les DJs faisaient leur apparition et la chanson « justkeep on walking » de Rod Niangandoumou occupait la première place aux USA. C’est bien après que « Nzinzi » connaîtra l’adhésion plus large des kinois qui ont en fait un tube anthologique. La musique congolaise change de visage, l’électronique est sur tous les fronts. L’occasion est venue pour Emeneya de poursuivre la carrière à l’international.

« Il est toujours facile de convoiter la femme d’autrui. Pourquoi ne prends-tu pas le temps d’embellir ta femme ? » S’interroge l’artiste. En outre, il conseille les hommes qui gagnent bien leur vie à ne pas dépenser leur argent auprès des femmes qui détestent le mariage. En ce jour de la Saint Valentin, ce morceau doit rappeler à tous les hommes le devoir qui leur incombe de prendre soin de leurs femmes et de les aimer.

Malgré le succès explosif de la chanson, l’album sera confronté à plusieurs difficultés et son auteur n’en tirera pas profit en raison d’une forte piraterie.

Né le 23 novembre 1956 à Kikwit, Jean Baptiste Emeneya Mubiala alias King Kester Eménéya a eu un parcours riche et élogieux. On retiendra ses débuts dans la chorale de son école primaire Saint Paul à la paroisse Sainte Marie de Kikwit. En 1970, Il a presque 15 ans il chante aux côtés de Mopero et Gina Efongé, son idole, son passage dans Viva la Musica entre 1978 et 1982. En décembre de la même année, avec les autres transfuges de Viva la Musica, ils créent « Victoria Eleison » dont le leadership lui avait été contesté par Bipoli na Fulu.

Après son décès des manifestations en vue de pérenniser sa mémoire ne font que se multiplier. Parmi lesquelles le trophée King Kester et le festival King Kester.

Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

King Kester Emeneya

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