Les immortelles chansons d’Afrique : « Soul makossa » de Manu Dibango

Jeudi 26 Mars 2020 - 20:25

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Manu Dibango a rejoint les limbes, le mardi 24 mars 2020, à l’âge de 86 ans. Il a succombé du Covid-19. L’artiste laisse comme héritage une impressionnante discographie. « Soul makossa », son tube culte l’a poursuivi le long de sa carrière.

Ce morceau avait été composé comme bouche trou du 45 tours prévu pour l’hymne de la huitième édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, tenue à Yaoundé et Douala du 23 février au 5 mars 1972 et dont le Congo fut vainqueur.

A sa sortie, « Soul makossa » n’avait pu emballer les Camerounais habitués au makossa dont les bases rythmiques viennent de la rumba, de la salsa et de la biguine. Il faut cependant attendre 1973 pour que « Soul Makossa « déferle sur les ondes aux Etats-Unis et devienne un tube planétaire. La chanson va mettre Manu et son saxophone sous le feu des projecteurs et va lui ouvrir les portes des concerts: 40.000 personnes au Yankee Stadium, 354.000 au Madison Square Garden de New-York, ce titre devient le trait d’union entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques.

Le 1er février 2019, à l’occasion du soixantième anniversaire de sa carrière musicale, le saxophoniste  se produisait à Montpellier avec son spectacle Safari Symphonique, grand spectacle mêlant les rythmes traditionnels de son Cameroun natal aux sonorités jazz dans la pure tradition de la musique classique européenne. Lors de cet événement, Manu Dibango avait enflammé le public avec ce hit foudroyant.

« Mama ko, mama sa, maka makossa » a séduit bon nombre d’artistes qui ont fini par le sampler : Michael Jackson, Rihanna, C&C Factory, Jennifer Lopez, Jay-Z, Will Smith, Beyonce, etc. D’autres versions vont sans doute naître après sa disparition pour lui rendre des hommages appuyés.

Manu Dibango présente un curriculum vitae artistique bien chargé. Né le 12 décembre 1933 à Douala, Emmanuel D’joké Dibango, alias Manu Dibango, arrive en France à Marseille en 1949. Dès 1953, entre Paris et Bruxelles, il se consacre à la musique, son unique passion, et devient professionnel en 1957. L’on retiendra sa collaboration avec Kabassélé et l’African Jazz qui le firent connaître du public africain.

Sa simplicité, son ouverture aux autres, son tempérament joyeux, son écoute lui ont permis de collaborer avec des ténors de la musique comme Youssou Ndour, Salif Keita, King Sunny Adé, Agelique Kidjo, Papa Wemba, Peter Gabriel, Serge Gainsbourg, Mike Brandt, Nzongo Soul, etc. Il assura l’arrangement de l’album « Le bucheron » de Franklin Boukaka. Outre le saxophone, Manu jouait des instruments tels que le piano, le vibraphone, le Marimba. Il fut aussi chanteur, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre. Il composa des musiques de films : l’herbe sauvage, Kimbo, Kirikou, etc. Le 14 juillet 2010, il est fait chevalier de la légion d’honneur. Il a reçu la médaille de vermeil de la ville de Paris.

 

 

 

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

La version originale du disque Soul Makossa

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