Les immortelles chansons d’Afrique : « Sweet Mother » de Prince Nico Mbarga

Vendredi 13 Novembre 2020 - 12:39

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Prince Nico Mbarga est une gloire de la musique africaine. Avec son titre « Sweet Mother », il a remarquablement représenté les couleurs du Nigéria à travers le monde. L’ampleur de la notoriété de cette mélopée est jusqu’à ce jour incontestée.

 Ce morceau ne fut pas sur la ligne de mire des grandes maisons d’éditions en 1974 quand le Prince Nico Mbarga le leur proposa. Elles furent étonnées lorsque le producteur Romanus Nwaementa Okonkwo, propriétaire du label Roger All Stars décida de produire cette chanson, en 1976. Sorti en format 45 tours, puis en format 33 tours, cet air sera vendu à plus de dix millions d’exemplaires.

La chanson « Sweet Mother »  fut d’abord dédiée à la maman du prince Nico Mbarga avant de devenir une ode à toutes les mères. C’est une chanson qui, à l’époque, portait déjà  en son sein les germes du métissage culturel. Chantée dans un anglais hybride appelé « pidgin », cette chanson associe fantastiquement le style de la guitare de l’artiste Jacques Kimbémbé dit Mouss de l’orchestre « Sinza Kotoko » de Brazzaville au hightlife nigérian.

Il est clair que le Prince Nico Mbarga fut influencé par la guitare de Mouss et le Soukous de Sinza Kotoko. Trois raisons justifient cette thèse. D’abord, c’est qu’à partir de 1966, le style de Sinza est repris et répandu à travers toute l’Afrique par plusieurs orchestres. Ensuite, la cadence de ce groupe était mieux appréciée en Afrique de l’ouest à partir de 1969, surtout avec des titres à succès comme « Vévé » et « Ma Loukoula » de Pierre Mountouari. Enfin, en 1973, l’orchestre Sinza remporta le prix de la médaille d’or, lors du Festival panafricain de la jeunesse de Tunis devant Tabu Ley et son Afrisa.

« Sweet Mother, I no go forget you for this suffer wey you suffer for me. When I dey cry, my mother go carry me, she go say my pikin weti you dey cry ? O yo stop stop, stop, stop make you no cry again. When I want sleep, my mother go to pet me. She go lie me well for bed. She cover me cloth, sing make you sleep my pikin ». « Excellente mère, je ne peux pas oublier la souffrance que tu as enduré pour moi. Quand je pleure, ma mère prend soin de moi, elle dit mon enfant pourquoi pleures-tu ? Oh arrêtes de pleurer, ne pleures plus. Quand je veux dormir, ma mère m’installe bien dans le lit, elle me couvre et chante dors mon enfant ».

Né le 1erjanvier 1950, à Abalaki, au Nigéria, d’un père camerounais et d’une mère nigériane, Nicolas Mbarga a connu une enfance difficile. C’est grâce à sa mère, sweet mother (douce, excellente mère) qu’il parvient à se forger un caractère de baroudeur. En 1970, il crée le groupe Rocafil jazz, dans le but d’animer des soirées dans l’hôtel Plazza. En 1973, il enregistre son premier disque 45 tours « I no go marry my papa ». Il a véritablement contribué au rayonnement de la musique africaine. Le 23 juin 1997, il a été déclaré mort après un accident de circulation. L’artiste avait atteint le cap de 47 ans. Il affirmait : « Tu peux changer une femme, tu peux changer un mari. Mais tu ne pourras pas changer de mère ».

 

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

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