Les migrations par la Méditerranée continuent malgré le froid

Samedi 5 Décembre 2015 - 17:00

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Les garde-côtes italiens et européens sauvent chaque jour de la noyade des dizaines de candidats à l’émigration vers l’Europe malgré les dangers.

Menaces djihadistes, violences en Libye, restrictions européennes et écrémage entre les migrants venant des pays en guerre et les supposés migrants économiques n’y font rien : les migrations par la Méditerranée se poursuivent. Même le grand froid, de ces derniers jours, en Italie n’est pas suffisant à dissuader les candidats à l’entrée à tout prix en Europe dans leur entreprise téméraire. Comme au beau temps chaud de l’été, les embarcations de fortune, celles qui ne servent qu’une seule fois (pour l’aller), tentent de passer à travers les mailles du filet de la surveillance maritime européenne.

Les garde-côtes italiens ont annoncé jeudi avoir secouru quelque 2000 désespérés au large des côtes libyennes. Ils étaient entassés dans … 11 embarcations de fortune : 3 bateaux en bois et 8 canots pneumatiques ! Il est rare que les traversées aient lieu pendant la période hivernale. Et l’hiver de cette année est « bizarre » en Italie, alternant les grands soleils avec les journées de grand froid. Un froid qui doit se sentir encore plus vivement au ras de l’eau, surtout la nuit, parmi ces migrants peu ou mal vêtus et souvent sans nourriture.

Pourtant ces dernières semaines, l’urgence immigration ne se signalait plus à partir de la Méditerranée mais à travers les frontières terrestres des pays européens, les migrants provenant surtout de Syrie, traversant la Turquie et gagnant de préférence le territoire de l’Union européenne par les Balkans. Mais ces pays, après une période de relative tolérance, ont commencé à être plus restrictifs et même hostiles, n’hésitant pas à jusqu’à ériger des murs de barbelés.

La norme aujourd’hui est de ne laisser passer que les migrants provenant des pays en guerre comme la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan. Tous les autres, considérés comme des migrants économiques, sont retenus dans des centres en vue de leur refoulement. Jeudi, un migrant marocain est mort électrocuté à la frontière entre la Macédoine et la Grèce. Les Marocains protestaient contre leur « tri », refusant qu’ils soient catalogués migrants économiques. C’était le deuxième incident du genre en moins d’une semaine.

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) rappelle pourtant que « les gens ont besoin de fuir, même en hiver ». Jeudi, l'ONG a entamé des opérations de secours en mer Egée, entre la Turquie et la Grèce, en collaboration avec Greenpeace. Après une moyenne de plus de 760 migrants par jour entre juin et août, celle des arrivées en Italie est passée à 530 par jour en septembre et 290 en octobre, avant de chuter encore à une centaine en novembre. Et il n'y avait plus eu d'opérations de secours depuis le début de la semaine dernière.

Au total, plus de 894.000 migrants sont arrivés en Europe par la Méditerranée cette année, dont 144.000 via l'Italie. Dans le même temps, on comptabilise plus de 3.515 autres migrants qui sont morts noyés ou disparus, en grande majorité au large de la Libye, en tentant la traversée selon un dernier bilan du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Lucien Mpama

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