Les souvenirs de la musique congolaise : Jean Serge Essous trois « S » : sa vie et son œuvre (4)

Jeudi 29 Février 2024 - 20:00

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L’arrivée de l’orchestre Tembo dans la scène musicale congolaise fut un tournant dans le parcours musical de Jean Serge Essous, suite à la rivalité qui naquit avec les Bantous de la capitale, revêtant les allures d’une guéguerre entre les deux groupes et dont la résultante poussa Jean Serge Essous à s’exiler aux Antilles, en 1966.

 Face à la provocation des fans de Tembo annonçant sa mort à travers un tract, Jean Serge Essous leur repondit dans une de ses chansons intitulée « Ngai mwana ya Adèle », dans laquelle il fait part à sa chère maman des persécutions dont il est l’objet de la part de ses ennemis. Il adresse, par ricochet, une philippique à Lubelo de la Lune, chef de l’orchestre Tembo, et aux fans du groupe.  « Maman Adèle, soki likwe yeba ka té na kufeli Bantous », chante-t-il, poursuivant: « A ta ba lukaka moto ya moninga, ya ko yia ko kunda ngai na bo moyi, wana a ta na miso ya nzambe mokondzi, a ko ndima té oh ! seleka… » . Traduction: « Maman Adèle, si je meurs sache que c’est pour la cause de l’orchestre Bantous », « Même si l’on m’en veut à mort, m’enterrer vivant est une chose que Dieu notre Père ne peut accepter »

En 1966, les Bantous de la capitale, après avoir participé au Festival des arts nègres à Dakar, au Sénégal, furent invités à livrer des concerts sur place et à Ziguinchor et en Gambie. Leurs prestations furent un grand succès, surtout avec l’exhibition de la danse « Boucher ». Sur le chemin du retour, ils firent escale à Abidjan, en Côte d'Ivoire,  où un contrat de six mois leur fut proposé par le directeur de l’hôtel Ivoire. Mais, un ordre venant de Brazzaville leur demandant de rentrer illico au pays afin d’agrémenter les festivités marquant le troisième anniversaire de la Révolution des 13, 14, 15 août 1963 empêcha l'aboutissement de ce contrat.

A l'aéroport d'Abidjan où l'orchestre va embarquer pour Brazzaville, Jean Serge Essous est absent. Le directeur de l'aéroport apprendra au groupe que Jean Serge Essous ne fera plus partie du voyage parce que retenu par le directeur de l’hôtel Ivoire, dans l’objectif de finaliser le contrat. C’est en arrivant à Brazzaville que les Bantous apprendront plus tard que leur chef, depuis Abidjan, s’était embarqué dans un bateau pour Marseille et de Marseille à Paris, où son séjour fut de courte durée car ayant rejoint l’orchestre Rico Jazz composé de quelques congolais dont Freddy Nkounkou et Jerry Mayikani.

Ensuite, un opérateur économique congolais du nom de Bayonne les amena aux Antilles où il disposait d'une propriété dénommée Cabane Bantous. Par la suite, l’on apprendra que Jean Serge Essous aurait quitté momentanément le Congo et les Bantous à cause des menaces dont il était l’objet de la part de certains ténors de la JMNR qui soutenaient l’orchestre Tembo et semaient la terreur dans Brazzaville. Ils voulaient sa peau parce qu’il incarnait la force de l’orchestre Bantous qui freinait l’évolution de l’orchestre Tembo dans la sphère musicale congolaise. Tembo, chantre de la Révolution congolaise et appelé orchestre révolutionnaire, glorifiait les acquis du régime à travers ses œuvres lors de ses prestations dans les différents bars dancing de Brazzaville. A suivre…                                                                                                                                                                               

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Jean Serge Essous/DR

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