Levée de l’état d’urgence : les bars priorisés au détriment des églises

Jeudi 23 Juillet 2020 - 18:08

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L’annonce, le 21 juillet, par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, de la levée de l’état d’urgence après plusieurs semaines de confinement, a donné lieu à des scènes de réjouissance dans plusieurs quartiers de Kinshasa.

Les Kinois, qui attendaient impatiemment cette bonne nouvelle, ont investi les rues pour manifester leur joie. Dès le lendemain, la ville a repris son rythme de vie normal. Les bars ont repris avec leurs décibels émargeant des baffles dirigés vers l’extérieur. Des clients, visiblement excités de renouer avec leurs anciennes habitudes, ne se faisaient pas prier pour faire acte de présence à ces endroits libidineux où  sexe et alcool font plutôt bon ménage. Les disciples de Bacchus ont repris du service. Dans les coins stratégiques de Kinshasa, tels que Couloir Kimbuta, Huileries, Lemba terminus, Bon Marché et autres de triste réputation, la bière a coulé à flot dès les premiers instants du déconfinement.

Les professionnelles du sexe ayant accumulé des semaines d’inactivité du fait de la covid-19 ont tenté de rattraper le temps perdu en se livrant sans vergogne à leur exercice favori. En un clic, la ville de Kinshasa a repris avec sa bruyance et son libertinage. La licence a atteint ses cimes inespérées le soir du mercredi 22 juillet dans plusieurs quartiers où, comme des chiennes enragées, certaines filles pouvaient s’offrir pour des cacahouètes, ou juste pour une bouteille de bière.

Cette description est loin de plaire aux hommes de Dieu qui ne comprennent pas que les églises et les lieux de culte soient renvoyés à plus tard, soit le 15 août prochaain alors que les bars et les terrasses sont déjà opérationnels. Le chronogramme de la reprise des activités tel qu’édicté par le chef de l’Etat ne fait pas l’unanimité dans les milieux ecclésiastiques. Pour les serviteurs de Dieu, le président de la République aurait dû prioriser l'ouverture des églises. Ils argumentent en disant que cela aurait permis de déblayer le terrain par l’évangile en remettant le pays entre les mains du Seigneur envers qui la communauté nationale va implorer sa miséricorde par rapport à la pandémie qui reste d’actualité. « Comment expliquer que les gens qui se bousculent dans un bar ou au marché sont moins exposés qu'à l'église ? Je me demande si le diable n'est pas passé par ceux qui ont donné ce conseil. Je ne trouve pas normal que l'on renvoie la réouverture des églises au 15 août, alors que les bars sont autorisés à ouvrir dès ce mercredi 22 juillet », a déclaré à la presse Le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo.  

Il estime que c’est plutôt à l’église et les lieux de culte que la discipline et les mesures barrières pourront être scrupuleusement respectées que dans les bars, discothèques, rassemblements politiques. Entre-temps, des appréhensions s’expriment déjà quant aux déviations que la levée de l’état d’urgence pourrait engendrer dans le chef des Congolais dont beaucoup font fi du respect des gestes barrières et de la distanciation physique. La crainte est que le déconfinement consacre le retour de la maladie au regard du contexte de libertinage auquel sont désormais astreints particulièrement les Kinois empêtrés plus que jamais dans une inconscience suicidaire.

Alain Diasso

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