Lire ou relire : "Djiha" de Gabriel Entcha-Ebia

Vendredi 26 Avril 2019 - 17:15

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A travers la pièce de théâtre en six actes, l'auteur peint et dénonce le mariage traditionnel des mineures, en vogue chez les Ndjem et Bakouélé, dans la zone septentrionale du Congo, précisément dans la Sangha.

Paru aux éditions L’Harmattan, "Djiha" raconte l’histoire de Lémpana, fille du vieux Tab, chef du village Nsoabebolo, donnée en mariage à un polygame.

Après une année de vie commune, rien ne se laisse poindre à l’horizon. Inquiète et après avoir informé ses parents, contre toute attente, Ntama, âgée de 15 ans, fille de Mpouolouol, fils du vieux Tab, devient la cinquième épouse de Mpinn, selon la coutume, et la mère porteuse avant qu’elle ne se retourne contre sa tante Lémpana et obtienne la maternité de ses enfants grâce à la loi civile.

Déjà, en 2001, dans son roman "La blessure", après avoir pointé du doigt ces mêmes pratiques communes à l’Afrique subsaharienne, Fatou Fanny Cissé, à travers Mariété, l’héroïne âgée de 15 ans, faisait écho des conséquences physiques et morales qu’ont de telles pratiques dans la vie des jeunes filles et dans la société.

Dans la société traditionnelle,en effet, c’est au nom de la coutume que tout se fait. Celle-ci a pour dépositaire le vieu. Cependant, certaines coutumes contrastent avec la loi civile et les principes universels des Droits de l’Homme. Selon l’historienne Scholastique Dianzinga, le préfacier de cette pièce de théâtre, « Djiha est une interrogation sur le devenir des femmes ».

A travers l’incipit, l’auteur lance un S.O.S pour interpeller sur la situation de la femme déchue, réduite à un simple objet de plaisir sexuel, une « machine à procréer ». Dans les communautés traditionnelles, la fonction de la femme ne se limite qu’au fagot, à la marmaille et à la marmite alors que celle-ci est capable de beaucoup de réalisations pouvant booster tant de domaines de la vie.

Natif du Congo-Brazzaville, Gabriel Entcha-Ebia, magistrat hors classe, a été plusieurs fois ministre et ambassadeur pour le compte de son pays. "Djiha" est l’unique œuvre fictionnelle de l’auteur, à côté de cinq essais dont, "800 jours au ministère de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat", en 2009, "Les institutions de la République du Congo", en 2010, "Congo : 50 ans d’indépendance pour quel avenir ?", en 2010, "Le moment de choisir la parole au peuple souverain", en 2015, et "Adieu Madiba",  préfacé par Denis Sassou N'Guesso, en 2016.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre

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