Lire ou relire : « La congolité : une quête » de Jean-Pierre Heyko Lekoba

C’est par des anecdotes diverses que l’auteur ficelle sa toile narrative. Il s’agit, en effet, de dix récits présentés sous la forme de nouvelles voltairiennes. Le message de fond semble avoir une connotation variée, notamment poétique, philosophique et politique à la fois.

De prime abord, on a l’impression de lire un Aimé Césaire à travers son "Discours sur le colonialisme". Sauf qu'ici, il est question de la dénonciation des basses mentalités qui retardent l’émancipation du Congolais comme une seule âme, celle d’un seul peuple aux multiples couleurs culturelles ; lesquelles représentent une richesse et non un malheur, selon l’auteur.

« Le Congo, c’est ma conviction, est riche de l’intelligence de ses filles et fils. Rassemblés, ils sont capables de coordonner leurs volontés, d’affirmer leur fraternité, et, sans aucun doute, d’écrire une autre histoire de leur vie ensemble. Il leur faut simplement…, S’unir, c’est bien de cela qu’il s’agit », écrit-il.   

La « congolité » se révèle donc un idéal éthique, une quête dialectique d’homogénéité, un vivre ensemble à construire ou un acquis à préserver, en permanence. Et pour ce faire, Jean-Pierre Heyko Lekoba apporte sa pierre à l’édifice dans ce fructueux débat appelé à connaître un additif de concrétisation. Loin de la naïve euphorie ou des slogans vides, ou encore de simples déclarations de bonnes intentions, comme à l’orée des indépendances en 1960, ou de la démocratie, sous le souffle de la Baule en 1991.    

Par-delà la beauté rhétorique, ce livre est un conglomérat de nobles réflexions du poète essayiste qui lie habilement prose et poésie à travers un discours conforté par la sagesse de plusieurs témoins, historiques ou fictifs, personnages relevant de toutes les couches sociales. C’est, d’ailleurs, un aspect parmi tant d’autres qui démontre l’érudition de l’auteur au carrefour de la tradition et de la modernité.  

"La congolité : une quête" est en fin de compte une interpellation visant tous les Congolais, pour surmonter la médiocrité du tribalisme, du régionalisme et des conflits politiciens qui divisent et rétrogradent, afin de privilégier l’intérêt commun, le Congo, dans l’esprit de l’hymne national.