Littérature: deux écrivains congolais signent "Regards croisés sur la citoyenneté. Des origines aux défis actuels du citoyen-monde"Jeudi 7 Novembre 2019 - 11:30 Paru aux éditions L’Harmattan, Paris, 2019, l'ouvrage écrit par Michel Emile Mankessi et Giscard Kevin Dessinga est un véritable manifeste de la carte politique et de la géopolitique actuelles.
Pour les deux auteurs, la citoyenneté est une longue et tumultueuse histoire qui va d’Athènes aux démocraties actuelles. Elle se forge par la médiation de trois lieux traditionnels, à savoir la famille, l’école, l’église. Et ce n’est pas tout. L’on ne peut ne pas non plus nier le rôle que jouent aujourd’hui, dans la formation de la citoyenneté ou de la personnalité tout court, d’autres lieux de socialisation tels que l’internet, la télévision, la radio, les nouveaux moyens sociaux de communication. L’histoire de la citoyenneté est l’histoire d’une conquête au terme de bien de luttes. « De nos jours, sans risque aucun de se tromper, l’on peut parler d’un certain élargissement et éclatement de la citoyenneté, à la fois sur le plan individuel, communautaire que géographique. Elle s’est ouverte à l’universalité avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. La conquête des droits des femmes au terme de rudes batailles, l’abolition de la traite négrière, la décolonisation… en sont des symboles forts », pense Giscard Kevin Dessinga.
Rien n’est acquis Pour ces deux écrivains, rien n’est acquis. En effet, au-delà des acquis historiques, aujourd’hui la question de la citoyenneté se pose encore de façon dramatique : populisme, terrorisme, flux migratoire, exclusion d’une partie du monde au bien-être, dictatures de tous genres, mondialisation à sens unique, sont autant de facteurs qui traduisent l’état d’un monde en mal d’être et de vivre. En somme, la citoyenneté, une affaire à suivre et un destin commun à construire ensemble. Au terme de cette histoire, pleine de rebondissements, trois traits essentiels semblent avoir traversé toute l’histoire et définissent l’essentiel de la notion de citoyenneté. D’abord, il n’y a pas de citoyenneté sans finalité, sans valeurs partagées, à sauvegarder, à transmettre, à vivre pour la cohésion sociale. La citoyenneté suppose un « contrat social », la volonté de vivre ensemble.
En outre, il n’y a pas de citoyenneté qui ne soit dynamique. Elle peut se perdre, perdre sa force de mobilisation, ressurgir sous des formes nouvelles. Bref, chaque époque peut apporter un enrichissement des acquis du passé, ou les mettre de côté, voire régresser. Les libertés communales au Moyen Age n’ont nullement dédouané le citoyen de son statut de sujet d’un pouvoir monarchique, les acquis de la révolution française n’ont pas tout résolu… Enfin, le désenchantement du monde, les ratés de l’histoire, la prise en otage des richesses du monde par une minorité aux appétits infinis…, sont autant de freins et d’obstacles à l’exercice de la citoyenneté aujourd’hui. Michel Emile Mankessi et Giscard Kevin Dessinga sont tous deux docteurs en philosophie, enseignants-chercheurs à l’Université Marien-Ngouabi, maîtres-assistants (Cames). Ils enseignent la philosophie morale et politique, la philosophie contemporaine, épistémologie, éducation à la citoyenneté et économie politique à l’École normale supérieure. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : La couverture du livre "Regards croisés sur la citoyenneté. Des origines aux défis actuels du citoyen-monde"
Photo 2: Kevin Giscard Dessinga
Photo 3: Michel Emile Mankessi Notification:Non |