Littérature : l’écrivain Benoit Moundelé Ngollo divorce d'avec l’écriture

Samedi 22 Février 2020 - 17:20

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L’auteur du snoprac va désormais consacrer sa vie à la méditation et non à l’écriture. C’est ce qu’il a fait comprendre, le 21 février, dans l’amphithéâtre du Lycée de la Révolution, dans le cinquième arrondissent de Brazzaville, à ses lecteurs lors de la cérémonie d’adieu, présentant officiellement son ouvrage « Adieu mes lecteurs » sous-titré « Le Mwana Ntsouka de mes livres » au public.

 C’est avec joie et tristesse que les amoureux des lettres et du snoprac - un style qui lui est personnel, sortant des sentiers battus, de l’ordinaire, qui n’obéit pas aux recommandations académiques classiques - ont accepté cette séparation.  Il range sa plume au moment où les lecteurs en ont encore besoin.

 « Lorsque vous n’êtes pas prêt à déclencher une insurrection ne l’a faites pas et lorsqu’une insurrection à déjà commencé ne l’arrêtez point.  C’est une haute trahison pour nous qui avions adhéré à ce snoprac, il serait souhaitable que vous reveniez puis que la méditation est là, et quand on médite, il y a l’inspiration, on peut encore écrire. L’amour est plus noble pour un écrivain lorsqu’il meurt avec son arme dans un champ de la muse », a regretté l’un des adeptes du snoprac

« C’est avec tristesse que je constate ce retrait, le snoprac est un héritage, une piste qui a été ouverte, quitte à nous de prendre ce style en main, de l’enrichir des nobles pensées, de le diffuser au-delà même de nos frontières », a signifié Arthur Yvon Mougani, critique littéraire, vice-président du Cercle des écrivains et artistes des Afriques, basé en France, présentant l’ouvrage sous la coordination de Charles Zacharie Bowao.  Publié en 2019 aux éditions Impliqués, le roman de cent quatre-vingt-huit pages, préfacé par Dieudonné Zélé, révèle Yvon Mougani, donne la forme à ce qui est devenu aujourd’hui un courant, un genre littéraire qui associe un récit descriptif, romanesque ou satirique à un projet politique.

Pour lui, Benoit Moundélé-Ngollo est un écrivain prolifique qui en deux décennies, et dans l’une des périodes les plus tumultueuses du Congo a produit dix-neuf œuvres principalement sur le thème de la révolte contre les dérives sociétales. 

 Demander à Benoit Moundelé Ngollo (Mouandzol’O Pama) de ne pas arrêter d’écrire, c’est demander à quelqu’un qui a atteint ses limites de ne pas s’en aller pense Ramsès Bongolo écrivain et critique littéraire. 

Dans ses écrits, l’écrivain ne demande qu’une seule chose aux dirigeants africains et du monde : une gouvernance irréprochable, une gestion de la République dans le strict respect de la.  Cette œuvre mérite d’être lue car, elle permet de cerner la réalité politique en République du Congo, c’est une exhortation aux changements de mentalités, qui passe à la fois pour une œuvre moralisante et une fresque majeure de la littérature congolaise.

Pour Jackson Darius Mackiozy Bansimba, éditeur de l’harmattan- Congo, l’ouvrage « A dieu aux lecteurs », comme l’indique son titre, est un divorce d’avec la muse, l'écrivain décide de ranger sa plume au placard, il ne produira plus d’écrits, il ne présentera plus de tapuscrits aux maisons d’éditions, il n’y aura plus un nouveau livre de l’écrivain sur le marché du livre, le général est un homme de parole et nous le croyons. Dans la plupart de ses œuvres, son champ thématique est constitué du combat contre les antivaleurs, de la dénonciation de certains vices qui gangrènent les sociétés à l’heure actuelle.

« Il nous a honorés en publiant chez nous six livres. Nous lui disons merci.  Malgré les critiques de ses détracteurs, Benoit Moundelé Ngollo est resté inébranlable et fidèle à son style, c’est un écrivain prolixe avec une inspiration très féconde, il laisse derrière lui dix-neuf livres publiés dans diverse maisons d’édition, en trente-cinq années d’écriture. Dans tous ses livres, il a mené un combat du bien contre le mal. »

La cérémonie d’adieu a connu les déclamations poétiques des textes tirés de son ouvrage, lus par Stan Madingou et Fortuné Bateza, deux comédiens congolais et de l’animation de la chorale catholique.

Né le 22 septembre 1943 à Sainte-Radegonde (Tsambitso) dans le district d'Oyo (Cuvette), Benoît Moundélé-Ngollo a écrit plusieurs livres parmi lesquels : Piments sucrés sous les tropiques, Je plaide non coupable, Blague à part : toute vérité est bonne à dire, Cocktail Molotov : bourré de vérités détonantes qui explosent dans un snoprac, les vautours ou charognards de la République populaire de Lokuta Capitale Mbongwana, Ce n'est pas ça mon combat à moi. Il a exercé plusieurs fois des fonctions d’administratives dont celles de ministre des travaux publics, d’administrateur maire et de préfet de Brazzaville.  

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photos : Benoit Moundelé Ngollo entouré des panélistes, le dernier ouvrage de l’écrivain général Benoit Moundelé Ngollo

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