Livre : Nehemie Mongo, les vers avant toute chose !

Jeudi 2 Mai 2024 - 21:26

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Ne vous y tromper pas, le recueil de poèmes de Nehemie Mongo, « Vivre en vers », n’est pas un livret à l’eau de rose, bien au contraire, il est un condensé de récit englobant les maux de ce siècle : inégalités, guerres, foi égarée, infidélité,  tragédies…Tout y passe, rien n’échappe à sa plume engagée pour exprimer non seulement son ras-le-bol mais aussi sa foi et sa prière pour un monde meilleur.

La couverture du recueil annonce les couleurs (blanc vert, jaune moutarde), et le titre porte à confusion. « Vivre en vers » n’a rien à voir avec un engagement citoyen pour la conservation de la nature, même s’il en aborde quelques aspects. Mais il est  plutôt un morceau choisi des poèmes de l’auteur (datant pour certains de ses années au lycée) où l’auteur exprime son ressenti face à ce monde qui va en dérive. D’ailleurs dès les premiers vers le ton monte, douleurs, impuissance et colère s’invitent sur la scène, avec « Avalanche », poème d’ouverture.

 «(…) Mais soudain, une force invisible se réveille, Et l’avalanche gronde, impitoyable merveille, Telle une bête sauvage, elle se met en marche, Dévalant les pentes abruptes, sans relâche (…) tout sur son passage est engloutit dans la fureur, Les arbres se courbent, impuissants, face à l’ardeur. Les rochers se dérobent emportés dans la tourmente, Et les chalets vacillent happés par la descente. Les cris de détresse s’élèvent dans le vent, Mais l’avalanche ignore ce triste tourment. Elle poursuit son chemin, avide de destruction, indifférente aux vies prises dans son tourbillon », pages 13 et 14.

Plus loin « La colère du temps » où l’auteur bien conscient des ravages du temps  invite le lecteur de ne pas se laisser happer par ce dernier « (…) Le temps nous enseigne la sagesse, il nous rappelle l’urgence de vivre et de chérir chaque instant de tendresse. Alors, ne laissons pas la colère du temps nous envahir de rage et de tourments, saisissons l’opportunité précieuse de vivre en harmonie, dans la douceur des cieux », page 18.

Ses poèmes reflètent donc le monde actuel et témoigne de la réalité puisqu’en fin observateur, l’auteur dissèque minutieusement les maux auxquels la terre entière fait fasse malgré les avertissements de la nature et du divin. « On vit dans une époque où tout est banalisé, le deuil, l’infidélité, les guerres fratricides çà et là, et pour couronner le tout, le malheur des autres n’a plus d’importance, on s’en réjoui même. L’homme persiste dans son aveuglement et cela va lui coûter cher ! », a rappelé l’auteur qui ne reste cependant pas pessimiste car écrire pour ce dernier c’est aussi dire non à ce manque d’amour et d’égoïsme de l’homme et l’exprime parfaitement à travers le poème L’amour  du prochain. « L’amour du prochain, un langage universel, il n’a nul besoin de mots, il est éternel, il se manifeste en gestes et en sourires, réchauffant les âmes, apaisant les soupirs (…) Que nos cœurs s’ouvrent à cet amour pur, qu’il rayonne en nous, qu’il soit notre armure, Pour bâtir un monde où règne l’harmonie, et où l’amour du prochain brille à l’infini », page 76.

Aux thèmes de l’inégalité, la foi égarée, la guerre, la misère, d’autres titres tels que l’étranger, Le corps de la femme, La grâce, Le fleuve Congo, Le racisme, La faune, L’amour d’une mère, Le grand prédateur, la femme fatale pour ne citer que ceux-ci composent ce recueil de 33 poésies paru en janvier dernier, réparti sur 122 pages, édité et mis en page aux éditions Autel de la Restauration et vendu à 10.000 FCFA.

Nehemie Mongo, homme de loi, présentement commandant du Corps urbain près du commissariat central de police de la Tsiémé, fait l’école élémentaire à l’école primaire de la Liberté, et le CEG à Agostino Neto et décroche son bac au lycée Thomas-Sankara où il fait la série A. A Marien-Ngouabi, il s’oriente vers les études de droit ou il obtient sa maîtrise en droit privé. « J’ai fait la série A et depuis cette époque, je suis tombé fou amoureux de ce style où je loge mes peurs, inquiétudes, espoirs… ». Ecrire pour ressortir ce trop-plein de questionnement existentiel qui le tiraille au quotidien est donc devenu une source de libération. « Vivre en vers » est en somme le résumé du ressenti d’un homme ordinaire dans un monde qu’il ne reconnaît plus, mais qui parvient encore à espérer et à s’émerveiller devant les beautés de l’univers et de l’amour.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre/DR

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