Londres : Félix Tshisekedi face à la diaspora congolaise

Lundi 20 Janvier 2020 - 18:04

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Le dimanche 19 janvier, Félix Tshisekedi , de passage à Londres dans le cadre du sommet UK-Africa pour l’investissement, avait tenu à deviser avec la communauté congolaise établie en Grande Bretagne.

En compagnie de son épouse, la première dame Denis Nyakeru, le chef de l'Etat s’est livré à un exercice laborieux face à une diaspora en déconnexion avec les réalités du Congo profond. Une diaspora en déphasage par rapport aux enjeux sociopolitiques et géostratégiques du pays et qui avait besoin d’un nouvel éclairage pour appréhender certains faits d’actualité et les décrypter selon leur vrai contexte. La salle réquisitionnée pour servir de cadre à ce grand oral était remplie comme un œuf, preuve que les Congolais de Londres étaient avides d’apprendre de la bouche du cinquième président de l’histoire politique de la RDC les nouvelles de leur pays.

D’un esprit alerte et usant d’un franc-parler quasi inhabituel, Félix Tshisekedi a réaffirmé sa détermination à ne ménager aucun effort pour le retour de la paix sur toute l'étendue de la RDC. Cela devrait passer au préalable par la traque des groupes armés dont les ADF, à Beni au Nord-Kivu. Tout en saluant les prouesses dont font preuve actuellement les forces régulières au front pour venir à bout de ce groupe armé d’obédience ougandaise,  Félix Tshisekedi s’est plaint de la persistance des violences à Beni lesquelles violences procèdent, selon lui, d’un plan savamment concocté par les ennemis de la RDC. « La question de Beni n'est pas une question d'agression extérieure. C'est une question de complot de ceux qui font notamment le trafic des minerais et qui profitent de cette situation », a-t-il déclaré avant de souligner sa détermination d’en finir, une fois pour toute, avec la horde des groupes armés qui sèment la désolation dans cette partie du pays.

Pourquoi l’insécurité est-elle devenue endémique à Beni et ses environs ? L’affairisme auquel se livreraient les groupes armés en serait la principale cause, à en croire Félix Tshisekedi qui dénonce, par ailleurs, la tendance d’une certaine opposition  à lui faire porter le chapeau de cette situation afin de couvrir la main basse que des multinationales et autres font sur les minerais. Il a réfuté l’étiquette de traitre que ses détracteurs veulent lui accoler à tort avant d’atterrir sur un autre sujet qui fâche : la « congolité » des Banyamulenge. D’après Félix Tshisekedi, ces derniers sont des Congolais puisque restés de génération en génération en RDC. Des propos qui ont suscité des remous dans la salle marquant la désapprobation d’une catégorie des compatriotes plutôt extrémistes et peu enclins à cohabiter avec ceux qu’ils considèrent, encore et toujours, comme des étrangers.

 Saisissant l’opportunité de ce face-à-face avec la diaspora congolaise de Londres, le président de la République a fustigé le comportement de certains « combattants » qui s'en prennent à leurs compatriotes à l'étranger ou qui relaient, sans le moindre discernement, des allégations sans fondements aux fins de nuisance à la première institution du pays. « Le vrai combattant est celui qui dit la vérité et qui se bat pour la vérité et non qui combat son propre frère », a-t-il lâché. Une vraie interpellation censée aboutir à une réelle introspection pour une requalification du rôle et de la mission du « combattant », à Londres, Paris, Bruxelles et ailleurs sur le vieux continent.   

Alain Diasso

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