Mbandaka : Olpa stupéfait par la convocation de cinq journalistes par le parquet

Jeudi 15 Septembre 2016 - 14:47

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Sans se prononcer sur le fond du dossier, cette ONG dénonce « la procédure cavalière ayant conduit à la convocation ainsi qu’à l’interpellation de ces professionnels des médias par la justice », qu’elle classe dans le cadre d’une instrumentalisation des services de l’État par des personnalités politiques en vue de museler la presse libre.

L’organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), s’est dite médusée, après la convocation d'Henri Lobondo, Frédéric Manyo Ilanga, Yannick Mbombo, Augustin Tiaondo et Jean-Claude Mafundiso respectivement directeur et journalistes à la Radio Télévision Sarah (RTS), une station privée de radio et de télévision émettant à Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Équateur.

À en croire cette ONG qui a exprimé sa grande stupéfaction quant à cette action, ces professionnels des médias ont reçu un mandat de comparution du Parquet de grande instance de Mbandaka pour se présenter devant un magistrat, le 12 septembre. « Arrivés sur le lieu, Henri Lobondo, Frédéric Manyo Ilanga, Yannick Mbombo, Augustin Tiaondo et Jean-Claude Mafundiso ont appris du magistrat instructeur qu’ils sont inculpés du chef des préventions de diffamation et d’injures publiques pour avoir diffusé sur les antennes de la RTS, le 30 août 2016, au cours du journal parlé et des émissions ‘’Ngonga Ebeti’’ (la cloche sonne), ‘’Réfléchissons un peu’’ une information sur la démission du gouvernement provincial de l’Équateur du ministre provincial de la Santé, des Affaires sociales et des Questions humanitaires urgentes, Alain Ngwela Bokele », a expliqué cette ONG dans un communiqué du 13 septembre.

Une procédure cavalière

À en croire Olpa, cette convocation serait consécutive à la plainte du ministre provincial précité, qui prétendrait n’avoir jamais déposé de démission et qui accuserait les journalistes de diffamation, d’injures publiques et d’atteinte à son honneur. « Après avoir été verbalisés par le magistrat, les journalistes ont été brièvement placés en détention au cachot du Parquet. Après une heure de privation de liberté, ils ont été relaxés avec obligation se présenter de nouveau au Parquet. Révoltés par le traitement dont ils ont été victimes, les journalistes ont décidé de récuser le magistrat instructeur du dossier », a souligné l’ONG qui, sans se prononcer sur le fond du dossier, dénonce néanmoins la procédure cavalière ayant conduit à la convocation ainsi qu’à l’interpellation des journalistes de la RTS par la justice. Il s’agit manifestement, selon Olpa, des pressions judiciaires exercées sur les professionnels de la presse dans le dessein de les intimider. « Pareille attitude est constitutive d’atteinte à la liberté de presse garantie par les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme », a avisé cette organisation qui s’est dite fermement opposée à toute instrumentalisation des services de l’État par des personnalités politiques en vue de museler la presse libre.

Des actes d’intimidation contre un journaliste à Boende

Dans un autre communiqué, Olpa condamne la persistance d’actes d’intimidation à l’endroit de Guy Soke Ilonga, journaliste à Radio-télévision Boende, station privée de radio émettant à Boende, chef-lieu de la province de Tshuapa.

Selon cette ONG, Guy Soke Ilonga mieux connu sous le sobriquet de « Radio Bonanga » (radio de la communauté en langue Mongo) a été convoqué par le responsable local de l’Agence nationale des renseignements (ANR/Tshuapa), le 11 septembre. Arrivé sur le lieu, le journaliste a été entendu par le responsable de ce service sur son appartenance politique et sur ses relations supposées avec Papy Booto Bolongomba, candidat malheureux à l’élection du gouverneur de Tshuapa. « Le journaliste a été prié de repartir après avoir passé près de 9 heures dans les locaux de l’ANR », a regretté cette ONG.

Pour Olpa, cette convocation est consécutive à la diffusion sur les antennes de Radio-Télé Boende de l’émission « Ce qu’il faut savoir » animée par Guy Soke Ilonga, le 8 septembre. Au cours de cette émission à téléphone ouvert, a noté l’ONG, l’animateur a interviewé Papy Booto Bolongomba sur ses activités politiques dans la province de Tshuapa.

Olpa a relevé que, le 9 septembre, un groupe de jeunes non autrement identifiés se réclamant proche du gouverneur de Tshuapa a pris d’assaut la résidence du journaliste, proférant des menaces de mort à Guy Soke et aux membres de sa famille, l’accusant de combattre les actions de l’exécutif provincial. Le journaliste, a fait savoir l’ONG, a déposé une plainte au commissariat provincial de la Police nationale congolaise, mais les auteurs des menaces n’ont pas été appréhendés.

Se disant très préoccupé sur la sécurité du journaliste, Olpa a fermement condamné ces actes d’intimidation qui sont, selon cette organisation, de nature à porter atteinte à la liberté d’information garantie par l’arsenal juridique congolais ainsi que les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme. L’ONG, qui a dit tenir les autorités de Tshuapa responsables de tout ce qui adviendra au journaliste, les a enfin exhortés à favoriser l’exercice de la liberté de presse.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Une affiche marquant les douze ans d'existence et d'engagement de l'Olpa

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