Mbuji-Mayi : un atelier sur le travail des médias locaux

Lundi 14 Octobre 2019 - 17:19

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L’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a organisé, le 10 octobre, dans la capitale provinciale du Kasaï oriental, une rencontre d’évaluation de la couverture médiatique du processus électoral dans cette partie du pays.

 

Le secrétaire exécutif d’Olpa, Alain Kabongo Mbuyi, a expliqué le contexte dans lequel se tenait l'atelier, les attentes des uns et des autres ainsi que la mission essentielle de cette association. Il a rappelé que cette organisation de promotion et de défense de la liberté de la presse met en œuvre un projet soutenu par la Fondation nationale pour la démocratie sur la défense de la liberté de la presse durant le cycle électoral en République démocratique du Congo (RDC).

Pour sa part, dans son mot de bienvenue le ministre provincial de la Jeunesse, sports, éducation, communication et médias, Denis Kalombo, a estimé que le diagnostic sur le travail des journalistes et des médias permettra aux professionnels de la presse de rectifier le tir et d’accompagner le gouvernement provincial dans son ambitieux projet de sortir la province du sous-développement. Il s’est dit heureux du choix porté à cette province par l’ONG Olpa pour l’organisation de cette activité.

Des communications ciblées pour un vrai diagnostic

La première communication a porté sur la lecture par la Commission électorale nationale indépendante du rôle joué par la presse de Mbuji-Mayi durant le processus électoral : les défis et perspectives. Dans son exposé, le secrétaire exécutif provincial (SEP) de la centrale électorale, Nicolas Kalambayi wa Kalambayi, a souligné que le but de l’intervention des journalistes dans le processus électoral était de recueillir les éléments d’informations sur le déroulement des opérations et de les mettre à la disposition de l’opinion publique. Pour couvrir ces opérations, a-t-il fait savoir, le journaliste devrait être accrédité par la Céni. Faisant l’état des lieux, Nicolas Kalambayi a déploré le fait que lors de l’opération d’enrôlement et inscription des électeurs, seul un journaliste a été accrédité à Mbuji-Mayi. Il s’est, en outre, dit étonné de l’afflux des journalistes lors des sénatoriales et des élections des gouverneurs des provinces.

Des aspects positifs et négatifs

Nonobstant cette situation, le SEP de la Céni a relevé certains progrès, saluant particulièrement les séances publiques de sensibilisation à la machine à voter organisées par la Radio-télévision nationale congolaise /Mbuji-Mayi et Radio-télé Fraternité, même si cette machine avait été diabolisée par certains journalistes. Il a aussi loué le fait que la campagne électorale a été abondamment diffusée, occupant tout l’espace audiovisuel.

Il a déploré  le non-respect du code d’éthique et de déontologique lors de la diffusion de certaines émissions; le faible pourcentage d’accompagnement journalistique à l’intérieur du Kasaï oriental... Selon lui, ces comportements décriés ont eu comme conséquences, entre autres, l’augmentation du nombre des doublons, l’absence des recours individuels après inscription des électeurs, la déportation des électeurs vers d’autres circonscriptions

Relevant le caractère sensible du processus électoral, il a recommandé à la presse de faire usage de certains concepts dont le savoir, le savoir être et le savoir-faire. Pour lui, les journalistes devraient privilégier la compétence, le professionnalisme et la responsabilité. 

De son côté, le président du Comité provisoire de l’Union nationale de la presse du Congo, section Kasaï oriental, Louis Kabongo, a fait savoir que « la presse a fait l’essentiel de sa mission de récolter l’information, la traiter et informer le public sur le processus électoral ». Il a, par contre, noté que ce travail s’est fait dans un environnement hostile où les journalistes ont été victimes des actes de vandalisme des acteurs politiques ou de leurs sympathisants, et leur matériel de travail endommagé.

Critiquant la couverture médiatique des élections, il a épinglé la violation des règles du métier par certains journalistes. Une situation serait, d'après lui, l’une des conséquences du pluralisme médiatique consacré depuis 1996. 

Louis Kabongo a également indiqué que la loi du moindre effort, surtout à la télé, dicte beaucoup des responsables des chaînes à diffuser des programmes sans en acquérir les droits, amplifiant la descente aux enfers de la production locale en éloignant les téléspectateurs de leurs réalités. A cette faiblesse, a-t-il dit, s’ajoute aussi la propension de nombreux acteurs sociaux et politiques dans l’acquisition des entreprises de presse, détournant celles-ci de leurs missions essentielles. Pendant la période électorale, a-t-il révélé, plusieurs journalistes avaient failli dans le respect de la neutralité et l’objectivité. Les dégâts ont, par ailleurs, été limités par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication au travers de sa sous-commission de vigilance de l’éthique électorale.

Des entraves à la liberté de la presse

Exposant sur la surveillance de la liberté de la presse par les organisations de la société civile, l'avocat Kabongo Mbuyi a, d’emblée, rappelé que l’Olpa a commencé ses premiers pas à Mbuji-Mayi, vers les années 2005, avant le transfert de son siège social à Kinshasa. Le secrétaire exécutif de l’Olpa a également noté qu’une équipe d’observatrices électorales de cette ONG a été accréditée par la Céni pour surveiller la couverture médiatique du processus électoral dans les centres et bureaux de vote. La tension observée à la fin de l’année 2018 a été, à l'en croire, à la base de plusieurs entraves à la liberté de presse. Il a notamment cité la coupure de l’internet et des SMS, du signal de certains médias et les actes d’intimidation contre les correspondants des médias internationaux, etc.

Les deux groupes de travail constitués ont réfléchi sur les obstacles à la liberté de la presse dans la province et sur l’état des lieux sur la couverture des élections de 2018. A l’issue de ces travaux, les participants ont recommandé la multiplication des séances de sensibilisation et de formation au profit des professionnels de la presse, la matérialisation de la subvention de l’Etat aux médias, l’acquisition des cartes de presse par les journalistes, la signature des contrats de travail dans les maisons de presse, la sécurisation des journalistes et de leur matériel de travail, le respect des règles du métier, le promotion d'une franche collaboration entre la Céni et les médias.

Le secrétaire exécutif de l’Olpa a exhorté les journalistes du Kasaï oriental à s’adapter aux mutations actuelles de la société congolaise, à créer des médias en ligne, à diffuser leurs programmes sur internet et à observer l’abécédaire du journalisme.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

1- La photo de famille des participants à l'atelier/photo Olpa 2- Une banderole annonçant l'atelier/photo Olpa

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