Meilleure actrice Fickin 2016 : « une surprise totale » pour Paradis Mananga

Appelée à recevoir son prix sur le podium, Paradis Mananga réagit de manière assez inattendue en annonçant au micro qu’elle ne comprenait pas pourquoi il lui revenait. Interrogée par Les Dépêches de Brazzaville dans les minutes qui ont suivi sa descente du podium, la réalisatrice explique sa maladresse. « J’ai été assez surprise et assez maladroite, je le reconnais. Je ne m’attendais pas à recevoir le prix de la meilleure actrice pour un film que j’ai réalisé. Mes deux passages dans le film n’étaient pas programmés. J’ai comblé un manque de personnage. Nous n’avions pas de filles sous la main et c’était trop tard pour en chercher. Je me suis résolue à m’habiller et à passer devant la caméra parce qu’il fallait quelqu’un sur le champ. La narration de l’histoire exigeait un personnage que nous n’avions pas là. Et donc, le fait que je puisse avoir un prix pour avoir tourné dans ces conditions-là, ça m’a juste dépassé et étonné. Je n’ai plus qu’à remercier le jury d’avoir vu un potentiel dans ces deux passages. Juste deux passages », a-t-elle affirmé.

Pour sa part, le jury de la troisième édition du Festival international du cinéma de Kinshasa (Fickin) s’est défendu sur son choix. Premier vice-président, Ruffin Mbou Mikima a d’entrée de jeu souligné : « Je sais que cela va sans doute créer la polémique auprès de plusieurs. Mais, en primant Paradis Mananga, nous avons voulu montrer qu’il n’y a pas de petits rôles ». Et d’expliquer par la suite : « Une actrice qui tient tout le film même s’il est moyen a tout le film pour devenir super bon. Alors quand une performance qui se tient en deux séquences arrive à se faire remarquer c’est brillant. Nous avons voulu le relever en primant cette prouesse ». Et de conclure son propos de la sorte : « Paradis Mananga, dans les deux ou trois actes qu’elle est apparue dans Le Diable au plafond, elle était juste. Nous avons choisi de la primer car pour nous, c’était la meilleure actrice ».

Dans l’entendement de Paradis Mananga si Le Diable au plafond devait récolter un prix, il devrait tout naturellement revenir à Lisa Lukezo qui campe le personnage principal Andrea, une adolescente orpheline de 17 ans. Livrée à la prostitution dans l’espoir de se faire de l’argent pour tirer d’affaire son frère victime d’une erreur, elle se rend compte qu’elle ne peut tenir dans cette voie et se résout à faire marche arrière. Cependant souligne ici la réalisatrice : « Le proxénète qui l’emploie ne veut pas la laisser partir parce que du fait de sa jeunesse, elle est la plus rentable. Elle est la favorite des hommes. L’intrigue tourne autour de la manière dont Andréa s’est prise pour sortir de l’emprise de son bourreau ». Dans son film où Paradis Mananga aborde la question du proxénétisme, elle joue un rôle particulier. « Je suis le vétéran du groupe. J’ai juste fait deux passages pour le rôle d’une ancienne de la maison qui donne des cours à la nouvelle recrue. Je la coache sur ce qu’il convient de faire. Je la conseille sur la manière de s’habiller et de prendre de la drogue s’il le fallait car le métier était inhumain mais puisqu’il procurait de l’argent, il fallait le faire pour survivre », nous a-t-elle expliqué en fin de compte après l’octroi du prix de la meilleure actrice qu’elle avait grand peine à accepter sur le moment.