Migrants : Ocean Viking effectue sa première mission de sauvetage au large de la Libye

Lundi 5 Août 2019 - 12:30

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Le nouveau navire, affrété en Norvège par les ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières, a quitté le port de Marseille, en France, le 4 août, sans savoir si les eaux italiennes lui seront fermées quand il aura porté secours aux naufragés prêts à tout pour fuir le territoire libyen.

Le bateau a pris le relais de l’Aquarius qui, privé de pavillon, avait dû abandonner ses missions, en décembre 2018. Le bâtiment de 69 m de long devrait atteindre la principale zone de naufrage, la Méditerranée centrale, en deux ou trois jours. Son équipage ne doute pas de devoir secourir de nombreux candidats au départ, puisque le navire devrait être capable de recevoir deux cents à trois cents personnes.

Ocean Viking a quitté la Libye dans un contexte marqué par l’urgence de sauver de nombreuses vies humaines en danger. « Beaucoup de traversées ont lieu en ce moment, c’est lié aux conditions météo estivales mais aussi à la situation en Libye, devenue un véritable repoussoir. Ce qui explique que les gens prennent encore plus de risques qu’auparavant », a estimé Frédéric Pénard, directeur opérationnel de l’organisation.

« Il est clair qu’il faut agir d’urgence pour sauver des vies. Et c’est justement notre mission », pense de son côté, Sam Turner, chef de mission MSF en Libye qui, outre le dernier naufrage majeur survenu, le 25 juillet (au moins cent-dix morts et disparus), évoque aussi les conditions « inhumaines » en vigueur dans les centres de rétention en Libye, qui poussent les gens à partir à tout prix.

« On est forcé d’agir en raison du manque de ressources disponibles en Méditerranée centrale, et faute de réaction de la part de l’Europe. Si l’Europe agissait, il n’y aurait pas besoin des ONG », martèle-t-il.

La Méditerranée est devenue la route maritime la plus meurtrière au monde. En témoigne le fait que huit cent-quarante personnes y ont disparu depuis le début de l’année, dont cinq cent-seize, en Méditerranée centrale, sans compter les naufrages non répertoriés, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

Le sauvetage des migrants ne fait toujours pas l’unanimité en Europe où le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, (extrême droite) a signé deux nouveaux arrêtés interdisant aux bateaux humanitaires de pénétrer dans les eaux territoriales italiennes : au moins cent soixante-quatre migrants, dont des femmes, des enfants, secourus par les ONG espagnole ProActiva et allemande Sea-Eye, étaient toujours bloqués en mer, le 2 août dernier. De plus, faute d’accord entre les Etats européens pour accueillir les rescapés, le gouvernement italien barre toujours l’accès à ses ports, situés en première ligne face aux côtes libyennes. C’est dire que les équipes de l’Ocean Viking composé de treize personnes pour SOS Méditerranée, dont neuf marins secouristes ; neuf pour MSF; dont un médecin, une sage-femme, un médiateur culturel, plus l’équipage, soit trente-une personnes au total, se préparent à une possible errance côtière.

Matteo salvini a, d’ores et déjà, menacé tout accès forcé aux ports italiens. Si les navires des ONG « entrent dans les eaux territoriales italiennes, nous les saisirons un par un. On verra bien qui se fatiguera en premier », a-t-il prévenu.

Signalons que depuis la fin de l’Aquarius qui avait secouru trente mille personnes, en trois ans, il ne subsiste plus qu’une poignée de bateaux humanitaires à flots, dont l’Alan-Kurdi, de Sea-Eye et l’Open Arms, de Proactiva. Quant au bateau de l’organisation Sea-Watch, il a été placé sous séquestre en Italie en juin, après que son capitaine avait forcé le blocus. Dans ce contexte, il aura fallu sept mois à SOS Méditerranée pour trouver un nouveau navire et un armateur prêt à jouer le jeu.

 

 

Nestor N'Gampoula

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