Moïse Katumbi : « La RDC est aujourd'hui un bateau sans capitaine »

Jeudi 8 Septembre 2016 - 15:44

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L’ancien gouverneur de la province du Katanga et candidat déclaré à la prochaine présidentielle s’est exprimé au Parlement européen, le 7 septembre, dans le cadre d'une rencontre axée sur la situation des droits de l’Homme en Afrique, la démocratie et l’alternance politique en Afrique subsaharienne. 

Moïse Katumbi a profité de son passage au sein de cette institution de l’union européenne pour régler ses comptes avec le pouvoir en place à Kinshasa, principalement avec Joseph Kabila. Il a débuté son intervention en sollicitant une minute de silence pour les victimes de la ville de Beni, où la population est victime de tueries depuis un certain moment. À ce sujet, il a rappelé que le passage du président de la RDC dans cette ville meurtrie n'a pas mis fin aux exactions contre la population. «Aujourd’hui à Beni c’est la désolation. Le président de la République y est allé, il y a trois semaines je crois. Après son passage, on continue à tuer à Beni. Vous avez vu les images à la télévision et sur Internet, comment on a transporté nos frères congolais qui étaient morts. On n’a même pas de respect pour nos morts. Ils étaient dans des jeeps avec des cordes. Je me pose la question de savoir s’il y a réellement un État de droit dans notre pays. Le Congolais est pauvre et on continue encore à nous humilier », s’est offusqué l’ancien gouverneur du Katanga.

Qualifiant de « monologue » et de « non inclusif » le dialogue politique actuellement en cours à Kinshasa, il a estimé qu’un bon chef de l’État devrait d’abord convoquer le dialogue sur la situation de Beni, avant, a-t-il déclaré, de chercher à magouiller pour obtenir un troisième mandat ou le glissement. « Je parle de monologue parce que c’est incompréhensible qu’Étienne Tshisekedi ne puisse pas participer au dialogue. Le plus important pour moi, c'était d’abord la paix à Beni et dans l’est du Congo. Ce que nous voyons aujourd’hui, même à l’époque du maréchal Mobutu, on ne l’a pas vu. Je demande l’installation d’un tribunal pénal à Beni afin que l’impunité puisse cesser dans notre pays », a martelé Moïse Katumbi.

Refus du troisième penalty

Moïse Katumbi a également tenu à rappeler à l’assistance qu’il a travaillé avec le pouvoir en place à Kinshasa car il croyait à l’avènement d’une vraie démocratie en RDC. « Combien de gens a-t-on tué jusqu’aujourd’hui, combien de prisonniers politiques ?  Quand j’étais gouverneur, je me suis battu en interne pour le respect de la Constitution. J’étais incompris. Tous mes frères congolais ont suivi lorsque j’ai refusé le troisième faux penalty. Je continue à refuser ce troisième faux penalty. Le président Kabila doit quitter le pouvoir le 19 décembre 2016. Il n’y a pas de négociation à ce sujet. L’État est en faillite, quand on voit ce qui se passe à Beni. Nous ne pouvons plus l’accepter. On a été assez humilié. Le plus important pour moi, c’est d’avoir un État de droit en RDC », a indiqué le candidat à la présidentielle. 

Pour l'ancien gouverneur du Katanga, Joseph Kabila pourrait aujourd’hui sortir par la grande porte. Mais, a-t-il regretté, il est entouré par des vieux loups qui avaient induit Mobutu en erreur. « Pour eux, la politique est un business. Mais il y a un temps pour tout. J’ai fait la campagne de Joseph Kabila en 2011 et je demandais de donner le dernier mandat au président de la République. Nous sommes arrivés à la fin. Avant que je ne rentre, je demande à mes frères africains et congolais que nous allions faire le sit-in ensemble le 20 septembre, partout où il y a nos ambassades pour demander à la Céni de convoquer l’élection présidentielle. Il n’y a pas de négociation sur ça, ou bien on est opposant ou on ne l’est pas », a-t-il martelé. Moïse Katumbi a ainsi confirmé pour bientôt son retour en RDC afin de participer à la présidentielle. « On monte des procès bidons et ils croient que je vais avoir peur. Je vais rentrer au pays. Je suis Congolais, c’est mon pays et je vais rentrer », a déclaré l’ancien gouverneur du Katanga.

La RDC, un bateau qui navigue à vue

Moïse Katumbi a déclaré avoir démissionné de son poste car il « ne voyait pas là où on allait ». « Aujourd’hui le Congo n’a plus de capitaine. Le bateau navigue à vue. J’ai pris mes responsabilités et j’ai démissionné afin que le Congo devienne un pays fort et respecté. Aujourd’hui, on n’est pas respecté car nous avons beaucoup de richesses mais nous sommes très pauvres. Le plus important pour nous est de ne pas recommencer avec les erreurs du président Kabila. Il pouvait rester dans l’histoire comme un grand président s’il respectait la Constitution. Ce n’est pas en achetant des chars de combat. Le peuple souffre. À Kinshasa, des familles font trois jours sans manger. Qui est responsable de cette souffrance ? Est-ce le gouverneur de province ? Non, c’est le numéro un. Dans une équipe de football, quand on perd un match, c’est l’entraîneur qui est le responsable. Donc, le président Kabila est le responsable. C’est pourquoi nous lui demandons de quitter le pouvoir et de laisser le peuple congolais aller de l’avant », a estimé le candidat à la présidentielle.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Moïse Katumbi pendant son intervention Photo 2 : Une vue de l'assistance

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