Musique : Céli Bitsou, un virtuose de la guitare basse

Jeudi 19 Septembre 2019 - 20:30

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Bitsoumanou Boniface Francis alias Céli Bitsou est un artiste musicien du Congo Brazzaville qui joue à la guitare basse. Né au Tchad dans les années 1940, enfant de Poto-Poto, il est arrivé dans la musique comme par enchantement.

La parcelle familiale dans laquelle habitait Céli Bitsou, dans les années 1950, était vraiment favorable à son épanouissement. Il y avait un centre de formation en musique. Neveu de De la Lune, un sociétaire des Bantous de la capitale, il avait déjà la musique dans le sang. Un des encadreurs le découvrira un jour en le surprenant en train de s’amuser avec les cordes de la guitare qu’il reprenait lorsque les apprenants rentraient chez eux. Ce dernier constatera qu’il avait des doigts bien disposés pour la guitare. Intéressé, il va se proposer de le former.

N’ayant pas eu la chance d’aller loin dans ses études, en 1955, son père lui dira d’aller apprendre la couture. Il refuse et se retrouvera avec des amis dans un groupe de musique traditionnelle appelé Ngouaka tour, en 1957. En 1959, il est recruté dans Orphée Jazz sur proposition d' un certain Pierrot,  guitariste et soliste dudit orchestre. Pendant les répétitions, l’orchestre manifestera le désir d’avoir un contre bassiste afin de pouvoir élever le niveau du groupe.

« A l’époque, avoir une guitare contre basse était très avantageux. C’était quelque chose de très fort », a-t-il déclaré. Ayant la maîtrise de cet outil, il est sollicité par Négro Bande dans lequel il passera une année.

En 1960, il quittera cet orchestre pour créer, avec Dom Six, ancien batteur des Grands Maquisards, Jazz Congo dont le siège se trouvait au Bar Faignon. En 1961, il va se retirer de l’orchestre pour repartir dans Négro Bande. Les choses ne se passant pas toujours bien, il partira et rencontrera Pandi qui le présentera à Jean Serge Essou en présence de Nino Malapé, membres des Bantous de la capitale. Il est recruté sur le champ pendant que De la Lune et Nganga Edo sont à Kinshasa pour refaire Ok Jazz.

Les Bantous partiront pour Paris, en France, pour une production en public. A leur retour, l’orchestre connaîtra un coup avec le départ de Papa Noël, Jojo et Jacky pour aller dans Africa Jazz. Cette situation mettra Céli Btsou dans une position inconfortable.

Il partira de l’orchestre pour intégrer Cercule Jazz de Franklin Boukaka en 1963. Il assistera à l’arrivée de Pamelo Mouka et Michel Boyibanda. Insatisfait, notre homme traversera le Pool Malebo pour rejoindre Papa Noël à Kinshasa. Ensemble, ils constitueront un duo de choc et créeront un orchestre appelé Bamboula.

Mais les événements que connaîtront les ressortissants d’autres pays à Léopoldville vont bouleverser le programme. Rapatrié, il regagnera Brazzaville  en 1964 où il est sollicité par l’orchestre Los Batitcha dans lequel il retrouvera Sam Mangwana, Théo Bitsikou et Vicky Baroza. Ils y resteront jusqu’en 1966. C’est cette année-là que Franco va envoyer Michel Boyibanda pour venir le prendre et aller avec lui dans l’Ok Jazz.

« Si j’avais accepté d’aller dans l’Ok Jazz, c’est parce que je voulais quitter Brazzaville. Parce que la JMNR terrorisait la population», a-t-il confié. Il est resté auprès de Franco jusqu’en 1980. Il n’y était pas allé de mains mortes. Il a donné du sien avec des titres de chansons comme "Na lingaka té ba lobissa yé", "Youyou", "Mokolo ya passi" et "Infidélité Mado".

De son retour définitif à Brazzaville, l’homme ne s’est pas arrêté. Il a continué à composer et sortir d’autres chansons : "Muana Mbourou" et "Na bangui mama nga na bangui" au début des années 1990, enregistré chez Freddy Kebano.

« Je suis rentré de Kinshasa parce que je croyais, arrivé à Brazzaville, être soutenu par les miens. Au Congo, les artistes ne sont pas soutenus par l’Etat », a-t-il regretté.

Cependant, Céli Bitsou ne se décourage pas pour autant et ne compte pas non plus s’arrêter là. Il a besoin d’un producteur surtout pour relancer son tout dernier opus "Na Bangui mama nga na bangui" que la maison Tamaris avait produit sans en faire la promotion.

Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Céli Bitsou

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