Nomination d'un envoyé sud-africain en RDC : l’IRDH et l’IDGPA apportent leur soutien à Thabo Mbeki

Jeudi 23 Août 2018 - 14:30

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Les deux organisations de la société civile estiment que la venue à Kinshasa d’un envoyé spécial d’un pays ami contribue à la bonne conduite des affaires diplomatiques.

Les directeurs généraux de l’Institut pour la démocratie, la gouvernance, la paix et le développement en Afrique (IDGPA) et de l’Institut de recherche en droits humains (IRDH), le Pr André Mbata Mangu et Me Hubert Tshiswaka Masoka, ont exprimé leur soutien  à l’ex-président de la République d'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, désigné envoyé spécial de son pays pour la République démocratique du Congo (RDC) et la Région des Grands lacs. Les deux leaders se sont prononcés, le 22 août, à l'occasion d'une visite à Thabo-Mbeki Foundation (TMF) de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Dans un communiqué conjoint signé par ces deux personnalités, elles ont dit réagir aux propos du porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, et de l’ambassadeur, Barnabé Kikaya bin Karubi, qui ont fait allusion au « rejet du gouvernement congolais » de cette désignation.

Dans leur démarche, l’IDGPA et l’IRDH ont estimé que la venue d’un envoyé spécial d’un pays ami contribue à la bonne conduite des affaires diplomatiques du pays. « Mbeki pourra aider la RDC à mieux concrétiser les mesures de décrispation politique convenues dans l’Accord de la Saint-Sylvestre de 2016 et l’inclusivité du processus vers les élections prévues le 23 décembre 2018 que le peuple congolais veut paisibles et transparentes », a affirmé Me Hubert Tshiswaka à TMF, notant que l’ex-président sud-africain connaît des acteurs politiques congolais clés, pour avoir facilité le dialogue intercongolais qui a abouti à l’accord de Sun City du 17 décembre 2002, générateur de la Constitution en vigueur dans le pays et la tenue des élections de 2006.

Pour le Pr André Mbata, la solidarité de la  communauté internationale, exprimée par le canal des organes de l’Union africaine ou de la SADC, et en particulier celle de l’Afrique du Sud, est cruciale dans la résolution de la crise de légitimité qui s’est installée de nouveau dans le pays, depuis la fin du mandat du président Kabila, en décembre 2016. Ce scientifique estime, par ailleurs, que « refuser la venue du président Thabo Mbeki, en qualité d’envoyé spécial de la République sud-africaine en RDC serait un signe que le régime a beaucoup de choses à cacher à la communauté internationale ».

Une démarche justifiée dans la Constitution

L’IDGPA et l’IRDH ont indiqué que leur démarche auprès des institutions sud-africaines est motivée par l’exposé des motifs de la Constitution congolaise, qui rappelle qu’en vue de mettre fin à la crise chronique de légitimité et de donner au pays toutes les chances de se reconstruire, les délégués de la classe politique et de la société civile, forces vives de la nation, avaient pris part au dialogue intercongolais qui avait débouché sur l’accord global et inclusif signé à Pretoria et avaient convenu de mettre en place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution démocratique sur la base de laquelle le peuple congolais choisitsouverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles. « Dès lors, les deux organisations estiment qu’à la veille d’un scrutin déterminant de l’avenir de la nation, il n’appartient pas à l’un des deux groupes principaux d’acteurs politiques ni à qui que ce soit d’entraver la réalisation du rêve du peuple congolais de vivre dans la paix, dans un Congo démocratique et prospère qui exerce son leadership sur le continent africain », ont noté ces deux structures.

Elles ont, en outre, rappelé que le président de la République était l’autorité auprès de laquelle les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires étrangers sont accrédités. A leur avis, à ce titre, le chef de l’Etat ne peut nullement être lié par les déclarations de ses ministres ou conseillers. Ce qui amène les deux organisations à lui demander instamment d’examiner cette question d’accréditation de l’envoyé spécial, Thabo Mbeki, en toute responsabilité, en tenant compte de ses engagements devant la nation et d’excellentes relations qui existent entre la RDC et  l'Afrique du Sud, d’une part, et avec les autres pays de la SADC, d’autre part.

L’IDGPA et l’IRDH ont, enfin, rappelé que le 20 août, la presse internationale a annoncé la décision du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, désignant un envoyé spécial pour la RDC et la région des Grands Lacs. Le jour même, le ministre Mende a exprimé la satisfaction officielle du pays hôte, avant de rétropédaler à la suite de la position du conseiller diplomatique du président Kabila, l’ambassadeur Kikaya, alors qu’il s’était exprimé en sa qualité de « porte-parole du gouvernement ».

Lucien Dianzenza

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