Opposition : la police empêche la marche de Lamuka

Samedi 18 Janvier 2020 - 14:15

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La police, qui a reçu des consignes strictes à charger les manifestants n’a pas fait dans la dentelle pour réprimer la marche à coup de gaz lacrymogènes et des tirs de sommation.

La marche de solidarité aux populations meurtries de Beni et d'indignation contre le projet de balkanisation du pays  organisée le vendredi 17 janvier par Martin Fayulu et Adolphe Muzito, deux membres du présidium de Lamuka, ne s’est pas déroulée comme prévu. Rassemblés au quartier 12 dans la commune de N’djili qui devait servir de point de départ, les manifestants ont arboré un bandeau blanc sur la tête en signe de deuil, prêts à en découdre avec les forces de l’ordre. Venus de quatre coins de la capitale pour répondre au mot d’ordre de l’actuelle coordination de Lamuka, les Kinois présents n’écoutaient plus que la voix de leur propre raison, faisant fi de l’interdiction de la manifestation. Au sortir de la messe à la paroisse Sainte Famille, les manifestants ont débuté leur procession avec pour point de chute la statue de Patrice Emery Lumumba située à l’Echangeur de Limete au pied de laquelle les cadres de Lamuka devraient déposer leur gerbe de fleurs.

A peine que la marche a commencé, à peine qu’elle a été dispersée. Le dispositif policier déployé au niveau du marché de la liberté s’est alors mis en branle. La consigne était claire : empêcher l’organisation de la marche conformément à la décision du gouverneur Gentiny Ngobila qui n'en avait pas pris acte redoutant d’éventuels troubles à l’ordre public. La veille déjà, la police avait prévenu que tout attroupement de plus de dix personnes en ce jour anniversaire du décès du héros national Patrice-Emery Lumumba, allait être dispersé énergiquement. Faisant fi des mesures sécuritaires prises, les manifestants ont tenté de franchir les barrières de la police et en ont été dissuadés à coup de gaz lacrymogènes et des tirs de sommation. Ils ont répondu par des jets de pierre. « Quelques personnes qui se livraient au jet de pierres sur des véhicules ont été interpellées. Et il y a aussi des blessés mais sont des blessés du côté des victimes innocentes », a fait savoir le patron de la police/ville de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo.

Dans les rangs de Lamuka, il est fait état de quelques blessés parmi les responsables ayant pris part à cette marche dont le chanteur Lexxus Légal et Ados Ndombasi. « Le régime de Kabila et Félix Tshisekedi continuent à réprimer les manifestants pacifiques et à entraver la démocratie, en portant atteinte aux libertés publiques, dont celle de manifestation. Tout cela en violation de la Constitution », a réagi Steve Kivuata, secrétaire général de Nouvel Élan sur son compte Facebook. Il allègue que l’objectif du pouvoir était « de tuer de hauts responsables de Lamuka » sous prétexte « des balles perdues ». Après des pourparlers qui ont duré une dizaine de minutes, Martin Fayulu et Adolphe Muzito ont finalement été escortés par la police et reconduits dans leurs résidences respectives. C’est sur ces entrefaites que cette marche dite de deuil s’est terminée sans avoir véritablement commencé au grand désenchantement de ses initiateurs.     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des manifestants pendant la marche

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