Pape François-Patriarche Cyrille : un fossé de 1000 ans se comble

Jeudi 11 Février 2016 - 17:15

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La rencontre de vendredi entre les primats des Eglises catholique et orthodoxe russe à Cuba, un événement majeur dans l’histoire de la chrétienté

Aussi bien au Vatican qu’en Russie – et à Cuba !-, la rencontre entre le pape François et le patriarche Cyrille de Moscou de ce vendredi à Cuba est vécue comme un moment historique de grande intensité. La rencontre, voulue par deux personnages assez « révolutionnaires » dans leurs camps respectifs, se produit après une brouille qui aura duré 1000 ans. Une brouille qui s’est épaissie au fil des temps, au gré des vicissitudes historiques dont beaucoup n’avaient rien à voir avec la religion.

Tout est-il qu’au bout du compte, catholiques et orthodoxes se sont retrouvés avec plus de raisons de conserver le statu quo plutôt que d’aller au-delà des pesanteurs. Sans parler des petits pas accomplis par le pape Paul VI dans les années 1960, l’histoire retiendra que le pape Jean-Paul II a fait montre d’un volontarisme qui a voulu briser les murs. Devant le refus répété de l’Eglise de Moscou de le recevoir, Jean-Paul II est allé titiller « l’ours tout-près », en se rendant dans beaucoup de pays orthodoxes européens, géographiquement proches de la Russie (Ukraine, Lituanie, Lettonie etc…)

« Le gouvernement russe n'a pas pris part aux négociations concernant l'organisation de la prochaine rencontre historique entre le patriarche et le pape à Cuba », a déclaré un officiel russe. Mais visiblement l’île s’en réjouit ! L’une des retombées attendues de cette rencontre pourrait être un renforcement des relations entre le Vatican et la Russie du très orthodoxe Vladimir Poutine. La Russie-Etat et l’Eglise orthodoxe russe entretiennent, comme disent les spécialistes, une relation de « jumelage » qui fait que le nationalisme russe se conforte dans l’orthodoxie et que l’orthodoxie n’a que peu de points de divergence avec l’Etat et se présente donc sans complexe devant l’Occident trop acquis à la puissance américaine.

Catholiques et orthodoxes pourraient peser d’un certain poids aussi désormais dans un sujet de graves préoccupations pour eux : la persécution des chrétiens dans les pays où sévissent le mouvement djihadiste de l’Etat islamique et ses ex-croissances directes ou non : Boko Haram au Nigéria ; Aqmi au Sahel et les Shebab en Somalie, pour se limiter à l’Afrique. Sans compter que, parlant d’une voix plus unie, ils pourraient également attirer plus l’attention d’un géant mondial qui reste sourd à leur influence jusqu’ici: la Chine. Le pape François, Argentin, est imprégné des réalités de son Amérique latine ; le patriarche Cyrille fut longtemps le responsable des Relations extérieures au sein de son Eglise : les deux hommes ont une nouveauté de vision qui « aère » leurs Eglises. Ils ne souffrent pas du poids des mésententes passées et veulent aller de l’avant.

Lucien Mpama

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