Parlement : la dette rééchelonnée du Congo envers la Chine chiffrée à 1 479,83 milliards FCFA

Samedi 18 Mai 2019 - 12:45

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Les députés ont autorisé, le 17 mai en séance plénière, sans un grand débat, la ratification de l’accord complémentaire signé le 29 avril à Pékin, pour la restructuration de la dette congolaise estimée à 1 479,83 milliards FCFA, soit 2 527,4 millions de dollars américains.

Comptant neuf chapitres et trente et un articles, le texte de l’accord de restructuration de la dette congolaise envers la Chine concerne huit contrats de crédits conclus entre le Congo et la Banque Import-Export de Chine. Il s’agit, entre autres, des projets de réhabilitation de l’unité d’eau de Djiri ; de construction des réservoirs et poste de réseau de distribution d’eau potable ; de travaux d’aménagement et de bitumage du tronçon de la RN1 Dolisie-Brazzaville ; du barrage hydroélectrique de Liouesso. Se trouvent également sur cette liste les projets de construction d’un centre commercial à Brazzaville, des logements sociaux à Mpila ; de la zone commerciale du mémorial de Mpila. Le tout pour un montant de 1 479,83 milliards FCFA au 31 mars 2019. En effet, cette dette se décompose de la manière suivante : partenariat stratégique : 1 304,73 milliards FCFA dont 944,13 milliards pour la solde du bloc des huit prêts restructurés ; prêts préférentiels : 175,10 milliards FCFA.

Selon ces contrats et pour alléger la pression de la dette du Congo, la partie chinoise a accepté de réajuster le calendrier de remboursement de ces contrats de crédits par l’allongement, la maturité résiduelle de chaque contrat pour une période de quinze ans. Ainsi, il est prévu le paiement de 33% de la dette pendant les trois premières années, à compter de l’entrée en vigueur de l’accord ; le rééchelonnement de 67% de la dette en rallongeant la maturité résiduelle de chaque prêt d’une période de quinze ans.

Défendant le projet de loi en commission d’abord avant la plénière, le ministre des Finances et du budget, Calixte Nganongo, a indiqué que l’accord complémentaire ne porte pas sur toute la dette congolaise envers la Chine, mais sur les prêts contractés auprès d’Exim Bank qui concernent huit projets. Selon lui, les autres projets du partenariat stratégique qui sont en fin de cycle devraient être remboursés dans les trois premières années de la restructuration (2019-2021), pour respecter le cadrage arrêté avec le Fonds monétaire international (FMI).

Le pessimisme de l’opposition

Quant à la dette avec les entreprises chinoises de droit congolais, elle fait partie, a répondu Calixte Nganongo, de la dette intérieure, car il s’agit des travaux que le Congo finance par des moyens librement affectables. « Cet accord va rendre la dette globale du pays soutenable puisque c’est la seule condition qui restait », a assuré le ministre des Finances.

Avant de voter cette loi, l’opposition républicaine, par la voix de son chef, Pascal Tsaty-Mabiala, a relevé ses inquiétudes quant à la durée des délais de remboursement et la souveraineté du Congo au regard des termes de cet accord. Selon elle, après une brillante période marquée par une hausse significative des ressources et après un allégement substantiel de sa dette à 20% du produit intérieur brut en 2010, le gouvernement a décidé de transmettre aux générations futures une colossale dette. Ceci en lieu et place du Fonds des générations futures entièrement dissipé.

S’agissant de la souveraineté du pays, l'opposition pense que le Congo a accepté, à travers cet accord, d’ouvrir ses comptes publics à un pays tiers. « En ratifiant cet accord complémentaire, nous donnons le droit à la République de Chine d’avoir un regard sur nos comptes publics »,  a estimé Pascal Tsaty-Mabiala.

« L’opposition politique congolaise rend le gouvernement entièrement responsable de la débâcle économique actuelle et ne lui reconnaît  pas la capacité… de conduire les destinées nationales. Le président de la République devrait immédiatement en tirer toutes les conséquences. Lui, et lui seul, tire sa légitimité du souverain primaire qui attend de lui demander des comptes en 2021 sur son bilan, quelle que soit la décision qu’il prendra », a-t-il conclu.    

Notons que la signature de cet accord avec la Chine, visant à rendre soutenable la dette du Congo envers ce partenaire, est une exigence du FMI en vue de la conclusion d’un programme soutenu par une facilité élargie de crédit.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

1- Les membres du gouvernement défendant le projet de loi/ Adiac 2- Une vue des députés /Adiac

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