Plan de trésorerie : des incertitudes sérieuses pour les engagements présidentiels en 2020

Mardi 18 Février 2020 - 14:53

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Ces incertitudes sont le fruit d’un ralentissement de la croissance mondiale et de ses répercussions sur la croissance RD-congolaise, ainsi que des effets de l’effondrement au dernier trimestre 2018 du cours du cobalt et les délais insuffisants de mise en œuvre des mesures d’encadrement des recettes publiques. Par conséquent, le ministère des Finances a prévu un plan de trésorerie moins ambitieux pour cet exercice budgétaire. Des coupes importantes sont signalées dans les dépenses affectées principalement aux investissements sociaux.

Pour certains médias étrangers, dont l’Agence France presse, c’est un coup dur pour le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, qui ne pourra pas poursuivre ses grands projets anti-pauvreté. Toutefois, paraphrasant le Fonds monétaire international (FMI) sur la question de la loi financière 2020, notre consœur explique que le budget initial de 11 milliards de dollars américains manquait déjà de « réalisme ». «Il est impossible de faire un bond de plus de 100 % sans avoir fait des réformes substantielles et sans maîtriser le coulage des recettes publiques. Qu’est-ce que nous produisons en plus pour réaliser une telle performance en aussi peu de temps ? », a martelé un expert sous le couvert de l’anonymat. Plus mesuré, le ministre des Finances indique simplement que son plan de trésorerie, qui est en fait son tableau de bord dans l’exécution du budget, tient compte « des tendances défavorables de la conjoncture actuelle ».       

Globalement, dans le plan de trésorerie ajusté, les recettes fiscales et non fiscales du budget 2020 sont passées de 7,735 milliards de dollars américains à 5,283 milliards, soit une baisse de 31 %. Ce niveau des recettes se réfère aux déclarations actuelles des régies financières après la prise en compte des nouveaux aléas mondiaux. « Le nouveau niveau des recettes  a été déterminé en appliquant un accroissement de 20% sur les recettes courantes arrêtées à fin décembre 2019 sur la base de la tendance observée au cours de trois derniers exercices. Leur mensualisation est obtenue en appliquant la pondération moyenne mensuelle par rubrique », a fait remarquer le ministère des Finances. En ajustant ainsi son plan de trésorerie, l’argentier national a effectué des coupes budgétaires importantes. Il y a par exemple la réduction des dépenses liées aux investissements sur ressources propres du gouvernement central et des provinces. Au total, l’on est passé d’un plafond de 2,195 milliards de dollars américains dans le budget initial à 547 millions de dollars américains.

Élu sur la promesse d’un changement radical dans la gestion des affaires de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi a vite fait de marquer sa rupture en initiant plusieurs chantiers sociaux importants aujourd’hui menacés. Sur les 13 millions de dollars restants pour terminer les cinq sauts-de-mouton à Kinshasa, le gouvernement de la République n’a décaissé que 3,5 millions de dollars américains tout en promettant la fin des ouvrages avant le 30 juin 2020. L’autre projet phare de Félix-Antoine Tshisekedi est la gratuité de l’enseignement dont le coût global est estimé à environ 2,6 milliards de dollars. A cela, il faudrait ajouter d’autres projets non moins importants comme la couverture santé universelle. Même si le ministère des Finances reste prudent, en précisant que le plan de trésorerie n’est qu’un outil de gestion et de pilotage de l’exécution du budget mais il ne remplace en aucun cas le budget, les angles sont de plus en plus difficiles à arrondir. La plus grande crainte est que 2020 ne soit finalement pas une année d’actions comme le préconisait le président de la République.       

Laurent Essolomwa

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