Présidence de l’UDPS : la succession d’Étienne Tshisekedi fait polémique

Lundi 11 Décembre 2017 - 17:29

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À la tête d’une aile dissidente, Bruno Tshibala a été désigné, le 10 décembre, président du parti en remplacement de feu Étienne Tshisekedi lors d'un congrès extraordinaire clôturé le week-end dernier, à Kinshasa, devant quelques centaines de militants surchauffés. Ce que lui dénient ses frères ennemis de l’UDPS/Limete.  

La désignation de Bruno Tshibala comme nouveau président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), à l’issue d’un congrès du parti débuté le 7 novembre dernier, n’aura ému outre mesure tout observateur averti de la vie politique en RDC. On le voyait venir. Déjà, pendant les travaux préparatoires au congrès, le leadership de Bruno Tshibala était perceptible au sein de la branche dissidente de l’UDPS qu’il pilote. Avec une aura grandissante, le Premier ministre était, pour ainsi dire, le virtuel successeur d’Étienne Tshisekedi, un statut qu’il se devait d’officialiser via l’organisation d’un congrès en bonne et due forme. Le forum en soit n’était que protocolaire, juste pour la forme, dirait-on, car les jeux étaient déjà faits en amont.    

L’aile dissidente de l'UDPS avait choisi son nouveau leader. Un sacré plébiscite pour celui qui aura combattu pendant près d’une vingtaine d’années aux côtés du « lider maximo » et qui se croit aujourd’hui en droit de revendiquer son appartenance à ce grand parti historique de l'opposition. Vis-à-vis de ceux qui étaient présentés comme ses sparring-partners de circonstance dans la course à la présidence de l’UDPS, Bruno Tshibala était le seul à peser sur la balance. C’est à main levée que le Premier ministre a été désigné, dans une hystérie collective, président de l’UDPS. La centaine des partisans présents dans la salle polyvalente du Centre Marie-Antoinette lui ont fait un triomphe. Prenant la parole devant des militants et cadres du parti chauffés à blanc, Bruno Tshibala s’est voulu rassembleur dans son speech en évitant de trop froisser ses frères ennemis. « Je m’engage à aller à pied ou à vélo rencontrer tous les enfants de l’UDPS afin de les ramener à la maison », a-t-il lancé comme pour donner la mesure de sa détermination à recoller tous les segments fragmentés de l’édifice de l’UDPS.

Il a affirmé être prêt « à discuter, à se rendre partout pour ramener les fils égarés à la maison » dans un esprit d’unité et de réconciliation. L’heure, a-t-il dit, est à la refondation du parti sur des bases de cohésion afin de faire face aux prochaines joutes électorales tout en l’exhortant à se mettre en ordre de bataille. C’est ainsi qu’il a prôné des alliances productives et non contre nature  comme c’est le cas actuellement avec le G7, lesquelles alliances sont susceptibles de contrarier les espoirs du parti à remporter les élections de décembre 2018 et saper l’image du combat de l’UDPS. « Au moment opportun, j’annoncerai les alliances que nous allons tisser », a-t-il déclaré. Dans la foulée, Bruno Tshibala a annoncé la récupération du siège de l’UDPS situé sur la 10e rue/Limete actuellement occupé par l’aile Félix Tshisekedi indiquant qu’il avait été acheté avec l’argent du parti.  

Se considérant désormais comme la seule UDPS reconnue, le parti étant indivisible selon lui, Bruno Tshibala est vite ramené sur terre par Félix Tshisekedi et ses partisans qui qualifient ses actes d’hallucinations. Il lui est demandé de créer son propre parti politique plutôt que de continuer à s’accrocher au label UDPS. À la 10e rue/Limete, l’homme passe désormais pour un damné et sa traitrise est souvent mise en avant pour le tourner en dérision. Il aurait été recruté, dit-on là-bas, par le pouvoir en place pour balkaniser l'UDPS. Exclu du parti en début d'année avant d'être nommé Premier ministre, Bruno Tshibala n’aurait donc plus d’attache avec ce parti historique et son congrès s’apparenterait à un baroud d’honneur pour sauver une carrière politique en sursis. C’est sur ces entrefaites que l’UDPS/Limete a annoncé la tenue prochaine de son congrès en vue de la désignation du successeur d’Étienne Tshisekedi. Dossier à suivre.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Bruno Tshibala porté en triomphe par ses partisans

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