Présidentielle 2018 : l’option d’une candidature unique de l’opposition refait surface

Jeudi 24 Mai 2018 - 18:30

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Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi ont exprimé, le 23 mai, en marge du Conseil de l’Atlantique tenu à Washington, leur volonté de présenter un seul candidat à l'élection du 23 décembre.

Dans les milieux politiques et particulièrement à l’opposition, l’heure est aux préparatifs des échéances électorales qui pointent à l’horizon. Après s’être rendue compte de l’inefficacité des stratégies de rue qui se sont avérées une perte de temps et d’énergie, l’opposition s’est finalement résolue d’aller aux élections. Et pour ce faire, il faut s’atteler à déblayer le terrain en prévision d’une future victoire. Le moment n'est plus aux villes mortes et autres actions déstabilisatrices tendant à distraire les leaders de l'opposition en les éloignant des vrais enjeux politiques et sociaux, dont la tenue effective des scrutins d’ici au 23 décembre. 

Cela étant, les grandes manœuvres politiques viennent, en effet, de commencer à l’opposition qui entend fédérer ses énergies en vue de parvenir à l’alternance souhaitée. Les uns et les autre sont en quête des soutiens tant en internes qu’à l'externes, afin de maximiser les chances d’obtenir un grand nombre de suffrages. Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi, deux leaders de l’opposition ayant comme socle le Rassemblement, ce regroupement de l’opposition laissé par Félix Tshisekedi qui en a été l’inspirateur, savent que le moment est venu de se regarder en face et de trouver un point de convergence en rapport avec leurs ambitions politiques. L’un et l’autre s’est déjà prononcé comme candidat potentiel porté par des regroupements politiques conditionnés qui ne jurent que par leurs candidatures respectives à la présidentielle. Et compte tenu de la popularité dont jouissent les deux opposants sur des pans entiers de la République, le besoin de se mettre ensemble et de scruter la possibilité d’une candidature unique impliquant forcément des concessions, de part et d’autre, relève d’un impératif. L’objectif est de ne pas trop s’éparpiller, de ne pas disperser les forces au sein de l’opposition qui entend jouer à fond la carte de l’alternance.

Cette volonté, Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi l’ont exprimé, le 23 mai, à Washington. Ils disent travailler « ensemble » pour joindre leurs efforts contre « le président de longue date de la République démocratique du Congo ». Cependant, qui d’entre les deux va s’effacer au profit de l’autre ? Apparemment, la question n’a pas été à l’ordre du jour, les concernés s’étant contentés seulement de rassurer que d’autres regroupements et partis politiques de l’opposition feront aussi partie de l’alliance envisagée contre le président Joseph Kabila. C’est, en somme, l’unité de l’opposition que prônent les deux leaders qui tiennent à embarquer d’autres forces politiques du même bord dans leur croisade contre l'actuel chef de l'Etat. « Ce n’est pas seulement une unité dans les apparences. Nous avons réellement combiné le travail ensemble. Nous sommes passés de la parole aux actes et nous avons également discuté de la possibilité d’avoir un candidat parmi l’opposition au moment des élections », a indiqué Félix Tshisekedi.

La partie loin d'être gagnée

Les choses ne sont pas aussi simples qu’ils le pensent, dans une opposition plurielle où chacun entend jouer sa partition pour avoir droit de cité dans la configuration politique post électorale. Déjà, le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean Pierre Bemba qui n’est pas partie prenante dans ce processus entend présenter ses candidats à tous les niveaux, y compris à la présidence de la République. La même tendance est observée à l’Union pour la nation congolaise (UNC). C’est non sans raison que son leader, Vital Kamerhe, effectue présentement une mission en Europe et aux Etats-Unis, cherchant à obtenir l’appui des partenaires extérieurs. Dès lors que les principaux grands blocs de l’opposition, en l’occurrence « Ensemble », la plate-forme soutenant la candidature de Moïse Katumbi, le « Rassemblement » cristallisé autour de l’UDPS elle-même écartelée entre quatre tendances majeures, l’UNC et le MLC évoluent en ordre dispersé, l’option d’un candidat unique de l'opposition passe pour une simple vue de l’esprit. D’autant plus qu’au sein de cette opposition, se retrouvent des partis sans idéal politique dont l’existence parmi les forces prônant le changement demeure sujette à caution. Une façon de dire que les choses sont loin de se préciser.

Plus d’une fois, l’opposition a expérimenté ce genre d’alliances circonstancielles dictées par des intérêts politiques sans qu’elles ne puissent résister à l’épreuve du temps. Et rien ne dit que cette fois-ci sera la bonne. 

Alain Diasso

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