Provinciales 2018 : la Céni se dédit sur la candidature Frédéric Batumike

Mercredi 29 Août 2018 - 19:10

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Corneille Naanga, président de la Centrale électorale, a assuré que la candidature du chef de milice, condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité, sera invalidée.

Frédéric Batumike. Ce nom pour les habitants du Sud-Kivu fait référence à des atrocités perpétrées dans cette partie du pays sous son égide. Beaucoup gardent encore des souvenirs macabres de ce militaire dont le cynisme était à la hauteur de sa barbarie. C’est avec satisfaction que les Sud-Kivutiens avaient appris son arrestation et son déferrement devant la Haute Cour militaire de Kinshasa. Après jugement, le criminel fut condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité.

Aussi curieux que cela puisse paraître,  le nom de Batumike Rugimbanya a figuré sur la liste de candidats députés provinciaux dans le territoire de Kabare, au Sud-Kivu, selon une liste provisoire en date du 26 juillet disponible sur le site de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Ceci sans qu’une décision relative à son élargissement ou à une révision de peine n’ait été prise par le tribunal militaire. Le même 26 juillet, la Haute Cour militaire avait confirmé en appel sa condamnation à la réclusion à perpétuité pour le viol d’une quarantaine de fillettes âgées de 18 mois à 12 ans, dans la région de Bukavu, entre 2013 et 2016. Il avait été condamné en première instance en décembre par un tribunal militaire « pour crimes contre l’humanité par viol et par meurtre », avec dix complices. Il était accusé d’appartenir à la milice Djeshi ya Yesu (Armée de Jésus).

En effet, ce chef de milice et cadre de la Convention des Congolais unis (CCU), du ministre Lambert Mende, était censé porter les couleurs de ce parti lors des scrutins provinciaux de décembre. Cette situation avait valu à la Céni des remontrances d’une opinion publique choquée et offusquée par le fait de la validation de la candidature de ce chef de milice. Les défenseurs des droits de l’homme de la province du Sud-Kivu et d’ailleurs n’ont pas hésité à exprimer leur indignation. Plusieurs ont stigmatisé la légèreté avec laquelle la Céni à traité ce dossier, ce qui confirmerait, d’après eux, son inféodation à un camp politique, à savoir la majorité présidentielle. « Maintenir des criminels et écarter certains citoyens sur la base des considérations et injonctions politiques vient d’enlever le peu de confiance et crédibilité qui restait à la Céni », pouvait-on lire dans le communiqué de la Nouvelle dynamique de la société civile.  

Face au tollé général soulevé par la validation de Batumike Rugimbanya sur la liste de CCU à la députation provinciale au Sud-Kivu, la Céni a dû se rétracter. Son président, Corneille Naanga, a assuré que l’intéressé sera invalidé, regrettant que son institution ait été informée en retard sur la condamnation par la justice militaire du candidat Batumike. « Nous avons été informés en retard de sa condamnation. Batumike sera invalidé », s’est contenté de déclarer Corneille Naanga, cité par l’AFP. Par quel mécanisme ? s’interrogent de nombreux analystes lorsqu’on sait que les différentes candidatures, déjà traitées au niveau de la Céni, n’attendent que le quitus de la Cour constitutionnelle pour figurer sur les listes électorales définitives.                 

 

 

Alain Diasso

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