Récompense : l’université de Ritsumeikan décerne à Denis Mukwege le titre de docteur honoris causa

Mercredi 9 Octobre 2019 - 18:00

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Le prestigieux prix honorifique a été remis au gynécologue congolais par le recteur de l'université japonaise, le 7 octobre.

Le Dr Denis Mukwege, lauréat du Prix Nobel de la paix 2018, est le troisième Africain à avoir reçu un doctorat honoris causa  de la prestigieuse université de Ritsumeikan( située dans la ville de Kyoto), après Nelson Mandela et Boutros Boutros Galy, respectivement héros de la lutte contre l’apartheid et ancien secrétaire général des Nations unies.

Le médecin directeur de l’hôpital de Panzi a été récompensé pour le grand travail qu’il abat au service de l’humanité, en prenant en charge les victimes des violences sexuelles.

Pour la remise de ce diplôme, l'université Ritsumeikan s'est associée à deux autres institutions de renommée internationale : l’université de Tokyo et l'université de Kyoto, vieille de plus de 120 ans. Cette dernière détient le mérite d’avoir formé une dizaine de Prix Nobel, deux lauréats de la médaille de Fields, deux Premiers ministres japonais et un ancien président taïwanais.

Après sa lecture magistrale, le Dr Mukwege s’est entretenu avec une quarantaine d’étudiants sélectionnés de quatre universités et de seize nationalités. La discussion a été modérée par la vice-recteur de l'université de Ritsumeikan ainsi que par le professeur congolais, Jean-Claude Maswana, enseignant à cette université.

Visite à Hiroshima

Avant la cérémonie, le Dr Denis Mukwege est allé, le 5 octobre, à Hiroshima, pour rendre hommage aux victimes de la bombe atomique. Il a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des plus de cent quarante mille victimes de la bombe atomique et  adressé un message de solidarité à la mairie, en présence du maire de la ville.

Denis Mukwege s'est ensuite rendu au musée du Mémorial de la paix, où il s’est notamment entretenu avec Sadae Kasaoka, une Japonaise de 87 ans qui a survécu à l’explosion atomique lorsqu’elle avait 12 ans. Cette dernière a déclaré que le monde serait détruit si un grand nombre d’armements nucléaires étaient utilisés. Elle a dit espérer une vaste mobilisation pour l’élimination de ces armements, estimant qu’il ne suffisait pas d’en réduire la quantité. Le médecin congolais a promis de relayer son message à la communauté internationale, avant de visiter le musée qui présente un

géorama du point d’impact et les effets personnels des victimes de la bombe. Dans le livre d’or mis à disposition des visiteurs, il a écrit un message en faveur de l’abolition des armes nucléaires.

Il a été accueilli également, le 6 octobre, par la société civile japonaise à Hiroshima. A cette occasion, le maire de la ville a décrété une minute de silence en mémoire des victimes des crimes en République démocratique du Congo, plus particulièrement celles du massacre de Lemera qui s'est déroulé, il y a vingt-trois ans, exactement le 6 octobre 1996.

Le doctorat honoris causa reçu le 7 octobre au Japon renforce le nombre de prix décerné au Dr Mukwege sur le continent asiatique. Il a notamment reçu le Seoul Peace Prize en 2016.

Un modèle de prise en charge répliqué dans le monde

A ce jour, plus de trente distinctions universitaires et prix internationaux, dont le prestigieux Prix Sakharov en 2014 et le Prix Nobel de la Paix en 2018, ont été décernés au docteur Denis Mukwege durant les vingt années d’existence de l’hôpital général de référence de Panzi, qu'il a créé en 1999. A ce jour, cet hôpital a pris en charge plus de quatre-vingt-dix mille femmes ayant des problèmes gynécologiques, parmi lesquelles des victimes des violences sexuelles et celles présentant des invalidités uro–gynécologiques telles que des fistules et des prolapsus génitaux.

A travers la Fondation Panzi, qu’il a créée en 2008, le Pr Denis Mukwege a mis en place un modèle de prise en charge reposant sur quatre principaux services : le One stop center ou modèle holistique de Panzi offre gratuitement une prise en charge médicale et psychosociale, une assistance juridique et judiciaire, ainsi qu’une aide vigoureuse à la réinsertion socioéconomique. Présentement, ce modèle est en pleine réplication dans différentes régions affectées par les conflits à travers le monde, notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie.

Par ailleurs, Denis Mukwege mène également un travail de fond pour la réparation morale, sociale et matérielle des victimes de guerres. Ainsi, grâce à son plaidoyer, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la résolution 2467 qui consacre la création du Fonds mondial des survivantes et le renforcement de la lutte contre l’impunité, avec un accent particulier sur l’obligation des auteurs de viols à rendre des comptes devant des juridictions spécialisées. A ce sujet, il appelle, d’ailleurs, à la création d’un tribunal spécial pour son pays.

 

 

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

1-Le Dr Mukwege et son diplôme de docteur honoris causa 2- Le directeur général de l'hôpital de Panzi lors de sa rencontre avec des étudiants 3-Le nouveau docteur honoris causa déposant une gerbe de fleurs à Hiroshima 4- Denis Mukwege s'entretenant avec Sadae Kasaoka, une japonaise de 87 ans qui a survécu à l’explosion atomique 5- Le Dr Mukwege au musée d'Hiroshima

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