Région du lac Tchad / Dr Jean-Clément Cabrol : « les populations connaissent un déracinement profond et une grande peur »

Jeudi 26 Novembre 2015 - 12:07

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La région du lac Tchad est devenue un épicentre de la violence, suite aux attaques perpétrées par le groupe « Province ouest africaine de l’Etat islamique [POAEI] », connu sous le nom de Boko Haram

Les opérations de représailles des armées gouvernementales contribuent aussi aux déplacements massifs à travers la région. A ce jour, plus de 2,5 millions de personnes ont été chassées de chez elles à cause des violences au Nigéria, Cameroun, Tchad et Niger, où Médecins sans frontières (MSF) renforce sa réponse médicale et humanitaire dans ces quatre pays.

Le directeur des opérations de MSF, Dr Jean-Clément Cabrol, de retour du Cameroun et du Tchad, revient sur les besoins humanitaires majeurs de la région : « dans la région du Lac Tchad, nous faisons face à une crise régionale qui a des conséquences humanitaires majeures. Les personnes continuent à fuir la violence, en cherchant refuge de l’autre côté de la frontière ou dans leur propre pays. Certains fuient les attaques perpétrées par le groupe POAEI mais d’autres, par contre, fuient à cause des représailles et des offensives menées par les forces militaires régionales. Les civils sont pris dans un cercle vicieux de violences ».

Il note des conditions de vie précaires et un manque d’accès aux soins, des structures de santé en nombres insuffisants et éparpillées, et parfois fermées par manque de médicaments et de matériels essentiels, ou par un personnel médical contraint de fuir. « Au final, les populations civiles sont privées de soins de santé vitaux », a relevé Dr Jean-Clément Cabrol.

Quant aux populations qui ont été contraintes de fuir, elles vivent dans des conditions de grande vulnérabilité, sans abris, sans moyens d’existence, parfois dans l’incapacité de récolter. « La situation s’aggrave dans une région fragile et négligée où les services de base font cruellement défaut », a-t-il dit.

A cela, il faut ajouter l’inaccessibilité à certaines personnes, ou à certaines zones dont l’ampleur des besoins est méconnue. « Notre défi est d’atteindre les populations  déplacées dans leur propre pays car la majorité vit dispersée dans les communautés d’accueil dans des régions où l’accès est précaire. Malgré ces contraintes, notre objectif est de nous assurer que les soins de santé restent accessibles », a ajouté Dr Cabrol.

Il fait état d’un « futur incertain » pour certaines personnes contraintes de vivre dans la terreur, les attaques qui frappent les marchés, les lieux de culte et les écoles, provoquant une peur généralisée, des déplacements massifs, l’insécurité permanente dans plusieurs localités des quatre pays voisins du Lac Tchad, Nigeria, le nord du Cameroun, Tchad et à Diffa, au Niger.

Noël Ndong

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