Rome dit définitivement « Non » aux Jeux Olympiques en 2024

Mardi 11 Octobre 2016 - 17:45

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Il ne restait plus qu’un mince espoir après le refus de la maire d’accueillir des JO à Rome – « trop coûteux ! » ; cet espoir s’est définitivement éteint mardi.

Il ne faisait plus aucun doute, malgré les pressions et des divergences de taille entre l’administration communale et le gouvernement, que des Jeux Olympiques à Rome, en 2024, n’étaient plus dans l’ordre des choses possibles. Malgré le maintien de la candidature jusqu’aux dernières minutes, Rome a fini par jeter l’éponge. La décision est venue du Comité olympique même. Lors d’une conférence de presse dans la capitale italienne mardi, le président du Comité, Giovanni Malago, a indiqué aux journalistes : « J'ai écrit aujourd'hui au Comité international olympique pour interrompre le parcours de Rome-2024 ».

C’est la fin d’une épopée qui a vu des acteurs : des sportifs, des artistes mais surtout des politiques de premier plan s’empoigner littéralement à coups de gains escomptés ou de pertes estimées par rapport à cette manifestation. Le dossier avait été introduit par la précédente administration communale plutôt de gauche. Mais un scandale à la mairie a balayé l’équipe du maire Ignazio Marino, accusé de dépenses personnelles mises sur les comptes de la ville. Des dîners et des rencontres auraient été payés avec la carte de crédit de la mairie.

On comprend dès lors que l’équipe remplaçante, élue fin juin, n’avait aucun plaisir à rouvrir une telle boîte de pandore. D’autant moins que la nouvelle maire, Virginia Raggi, une jeune avocate au caractère trempé, avait fait campagne sur une gestion plus rigoureuse des finances de Rome, ville lourdement endettée – « et qui n’a pas fini de payer la facture laissée par les JO de… 1960 » ! Vrai, faux ? Les calculettes ont fonctionné pour tenter de démonter l’argument de la maire, alors que le Premier ministre, Matteo Renzi, ne cessait de soutenir que des JO à Rome, c’étaient des milliers d’emplois assurés.

Mais la candidature de la capitale Italienne s’est jouée aussi sur fond d’une véritable relève de la garde, dans les mentalités et les générations. Le parti de la nouvelle maire de Rome, le Mouvement 5 Etoiles (ou 5S), est entré comme une bourrasque sur la scène italienne, critiquant et bousculant la politique à papa. Son fondateur, le comique Beppe Grillo, ne veut se laisser enfermer dans aucune catégorie, prenant à gauche ou à droite ce qui lui va et vouant aux gémonies ce que rejettent ses sympathisants qui votent, autre nouveauté, par internet ! En 7 ans de vie, le mouvement du comique a cessé de faire rire, puisque ce sont des maires 5S qui sont désormais à la tête de villes sérieuses comme Turin, Livourne, Rome ou Parme, naguère places fortes de la gauche et du mouvement ouvrier italien.

C’est donc toute naturellement que, suivant sa cohérence, le conseil communal du 29 septembre dernier à Rome a voté à la majorité de ses membres 5S le rejet des JO à Rome en 2024. Des « jeux du béton », « irresponsables face aux autres priorités de la ville ». L’administration communale faisant défaut, le projet devenait bancal. Ce que Giovanni Malago, déçu et amer, ramasse dans une formule : « J'ai toujours dit que ce projet était comme une table qui avait besoin de trois pieds pour la soutenir. L'un de ces pieds a fini par manquer, pour des raisons idéologiques et démagogiques », a-t-il dit en référence à la mairie, au gouvernement et au Comité olympique qui auraient dû jouer de conserve.

Avec le retrait de Rome, trois dossiers de candidature seulement restent sur le bureau du Comité international olympique. Des dossiers d’inégale valeur, mais qui ne risquent pas d’être pris dans les changements d’humeur de majorités politiques changeantes : Paris (France) ; Los Angeles (USA) et Budapest en Hongrie. Les deux premières villes sont des « big » qui ont l’expérience des grandes manifestations sportives internationales et les infrastructures qui vont avec. Mais le CIO pourrait se déterminer sur d’autres considérations pour donner sa chance à un pays d’Europe de l’Est qui a eu le courage de se présenter à cette compétition.

Lucien Mpama

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