Sécurité sociale : 75% de femmes du secteur privé ignorent leurs droits

Mardi 24 Mars 2015 - 15:39

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Plusieurs femmes et hommes travaillant dans le secteur privé ne connaissent pas leurs droits. Surtout ceux liés aux allocutions familiales et prénatales qu’offre la CNSS à tous les travailleurs qui côtisent régulièrement.  C'est ce qu'explique -  et regrette ? - Florentine Ndzaba, contrôleur de fin de chaîne à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de Pointe-Noire.

Le législateur congolais a mis à la disposition des travailleurs congolais, hommes et femmes évoluant dans le secteur public et privé, des outils nécessaires pour assurer leur bien-être. Malheureusement ses lois sont pour la plupart ignorées par les bénéficiaires.

« Au niveau de la CNSS, nous avons les pensions qui concernent tant bien les femmes que les hommes. S’agissant des allocations, nous payons les allocations prénatales aux jeunes ménages notamment à l’homme ou la femme qui a un numéro matricule à la CNSS après déclaration par l’assuré. Nous avons aussi, les allocations familiales que nous payons aussi aux hommes et aux femmes. Mais il faudrait que la personne ait la charge des enfants et nous apporte les preuves que les deux ne sont pas mariés, et que le mari ne touche pas les droits pour les mêmes enfants », explique Florentine Ndzaba.

De même, les hommes qui ont la charge des enfants, même divorcé, ont le droit de déclarer les enfants à la seule condition de prouver l’autorisation de la mère génitrice. Cette autorisation de perception doit être délivrée à la mairie. Les époux ont aussi le droit de déclarer les frais d’accouchement à la CNSS.

D’après Florentine Ndzaba, l’article 107 du code de travail donne à la femme qui côtise à la CNSS, le droit de percevoir les indemnités journalières pendant les congés de maternité. « C’est un montant que nous payons à la femme, parce que pendant l’accouchement, elle passe trois mois sans travailler et l’employeur lui paie la moitié de son salaire tous les trois mois qu’elle reste à la maison et nous CNSS au retour, nous payons les demi mois que l’employeur n’a pas payés ».  Mais pour le faire, a poursuivi Florentine Youlou, il faudrait que la femme en couche apporte son certificat d’arrêt et de reprise de travail, les trois bulletins qui attestent qu’elle a eu le demi salaire, un bulletin de salaire en entier et le certificat d’accouchement qui atteste la date de naissance de l’enfant. Tous ces documents réunis permettent à la CNSS de calculer le montant non payé par l’employeur.

La CNSS doit vulgariser ses lois

 « Malheureusement nous constatons que seulement 25% de femmes bénéficient de ces prestations et 75% les ignorent carrément», a-t-elle souligné avant d’ajouter que les femmes qui sont dans le privé n’ont pas suffisamment le temps de suivre la radio ou la télévision. « Nous avons aussi l'obligation de communiquer. C’est pourquoi, nous leur demandons de se rapprochent de nos services pour toutes les informations nécessaires ». Par ailleurs, pour palier cette méconnaissance des droits, elle a indiqué que la CNSS a un plan de communication bien défini pour sensibiliser les femmes à leurs droits.

Florentine Youlou a rappelé que le numéro matricule à la CNSS est attribué à tout salarié évoluant au privé après déclaration, deux semaines suivant l’embauche par l’employeur. « Nous demandons aux employeurs de déclarer le numéro matricule dès les 15 premiers jours suivant l’embauche. Et c’est après six mois de côtisation consécutive que l’assuré peut prétendre bénéficier des allocations prénatales et des prestations.»   

95% des filles mères ne bénéficient pas des prestations de la CNSS

Outre les différentes prestations évoquées, au Congo, la fille mère est prise en charge par la sécurité sociale. Mais, là aussi les textes ne sont pas connus. À peine 5% sont pris en charge tandis que 95% traînent avec les enfants sans soutien. En attendant l’application des textes sur la séparation de la CNSS en deux caisses, dont l’une pour la famille et l’autre pour l’enfance, cette structure travaille sur la base de l’article 004/86 du 8 février 1986 du code la sécurité sociale. « Sur la prise en charge des filles mères, le processus est un peu long parce que nous envoyons les assistants sociaux faire les enquêtes pour regarder si réellement la fille mère est abandonnée. Si les faits sont avérés, nous lui délivrons des allocations familiales pour des enfants de zéro à 20ans, à travers le service des prestations ».

S’agissant de la pension des orphelins il est important que l’assuré qui est encore en activité déclare les enfants sur le fichier familial. Malheureusement, a-t-elle poursuivi, on constate que ces travailleurs bien qu’assurés à la CNSS, viennent lorsqu’ils sont à la fin de leur vie professionnelle. Il y a des cas de décès du travailleur avec toutes les complications pour sa succession de bénéficier des droits. Elle a expliqué que la déclaration des enfants est réservée au travailleur lui-même qui doit apporter les preuves. Ceux qui ne sont pas informés doivent se rapprocher de la CNSS.

Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

Florentine Youlou "crédit phota adiac"