Sextape : le guet-apens tendu à Sharadi n’a pas fonctionné

Jeudi 28 Décembre 2017 - 18:10

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Le cabinet du vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, lui aussi ciblé par une bande  d’hackers, fait remarquer l’existence d’un logiciel de montage capable de fomenter des vidéos et les animer dans tous les sens.

Alors que le fameux « sextape » attribué abusivement au patron de la diplomatie congolaise continue de défrayer la chronique de ces dernières heures, un autre membre du gouvernement, en l’occurrence le vice-Premier ministre (V-PM) en charge de l'Intérieur, Ramazani Shadari, s’est retrouvé dans le collimateur d’un réseau d’hackers, apprend-on. Des sources proches de ses services, il appert que le cabinet de ce membre du gouvernement aurait reçu un appel téléphonique en provenance du Canada. Au bout du fil, un quidam affirmait détenir une vidéo compromettante à son sujet et exigeait une importante somme d’argent contre sa non diffusion.

Les arnaqueurs ont augmenté les enchères en sommant jusqu’à réclamer la somme de cinquante mille dollars, comme c’est clairement élucidé dans l’audio de la conversation. Le cabinet du V-PM n’a pas cédé à ce vil chantage et a investigué sur cette affaire en tentant de remonter la filière. À la fin, il ressort qu’il s’agissait d’une bande d’arnaqueurs qui utiliserait un logiciel de montage capable de fomenter des vidéos et les animer dans tous les sens.               

Un phénomène dépravant

« Sextape ». Le terme est en vogue à Kinshasa. Il fait référence à un épiphénomène qui veut que des personnes censées puissent tomber dans les travers de la liberté sexuelle en affichant leur anatomie physique via des séquences filmées. De la pornographie qui ne dit pas son nom. Presque toutes les catégories sociales sont tombées dans ce qui paraît de plus en plus comme un effet de mode, nonobstant son côté pervers. Artiste-musicien, journaliste, pasteur, politicien, étudiant, etc., tous sont passés à la trappe. Il y a lieu de s’interroger sur les motivations qui peuvent pousser des gens pourtant censés à tomber si bas jusqu’à étaler leur nudité sur la place publique. S’il est concédé aux uns et aux autres la liberté de se livrer à de telles pratiques pour autant qu’il reste circonscrit dans un cadre donné, cela devient malsain de voir une vidéo de consommation domestique être diffusée à grande échelle, allant jusqu’à solliciter les regards indiscrets dans un environnement social marqué par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

À la vitesse d’un éclair, la vidéo ainsi postée sur le Net peut atteindre facilement des milliers de personnes à la seconde, faisant le bonheur des accrocs des réseaux sociaux. D’où la question : ces vidéos pornographiques sont-elles le fait des actes posés en âme et conscience par leurs auteurs ou résultent-elles d’un appât posé par des gens sans foi ni loi aux fins de nuisance ? Difficile de répondre, tant les fameux « sextapes » sont généralement de qualité relative et leur authenticité est souvent sujette à caution dans un univers technologique où tous les coups sont permis. Le procédé, entend-on dire, est souvent utilisé comme arme de chantage par des hommes ou des femmes en quête de sensation, juste pour soutirer quelques sous à des partenaires désobligeants qui n’auraient pas respecté un deal.

Dans une opinion écartelée entre ceux qui doutent de l’authenticité de la vidéo puisque résultant de montages présumés, et ceux qui allèguent le contraire, la polémique s’installe. L’unique sextape jugé conforme jusque-là à la réalité dans cette triste série est celle attribuée à l’ancien vice-ministre des Nouvelles technologies de l’information et de la communication, Sebineza, sanctionné illico presto par le chef de l’État au travers d’une ordonnance le révoquant du gouvernement. Pour le reste, il y a à boire et à manger.

Alain Diasso

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