Situation sociale : l’IRDH vivement préoccupé par la paupérisation accrue de l’élite de la RDC

Jeudi 20 Juillet 2017 - 17:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Cet institut a appelé l’Union africaine, l’Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont des programmes de lutte contre la pauvreté dans le monde, d’exiger le gouvernement congolais à mettre un terme à sa politique de paupérisation de sa population.

Dans son bulletin électronique de la semaine en cours, l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) a noté que les 11 et 12 juillet, le Syndicat national des médecins du Congo (Synamed) et le Conseil des professeurs d’universités au Congo (CPUC) ont dénoncé la coupe irrégulière par le gouvernement des salaires des médecins et professeurs d’universités. À en croire ces réclamations relayées par cet institut, le gouvernement paye des sommes en francs congolais inferieures aux montants mentionnés sur des « listings de paie », en dollars américains.

Un abus des droits de l’Homme

Pour l’IRDH, la pratique d’un taux de change forfaitaire réduisant de tiers ou de moitié des salaires dus constitue un abus des droits de l’Homme qui viole des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) qui garantit que « quiconque qui travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine […] ». L’IRDH a, par ailleurs, souligné que les cas des médecins et professeurs ne sont pas isolés. Des agents des entreprises publiques, notamment ceux de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), a relevé cet institut, ont déjà dénoncé ce qui convient de qualifier de « mécanisme systématisé d’appauvrissement de la population afin de créer une forte dépendance politique des victimes envers le parti au pouvoir ».

Cet institut a, par conséquent, noté la préoccupation des chercheurs de son projet d’Application des droits économiques, sociaux et culturels, car, a-t-il souligné, « le degré de pauvreté de l’élite congolaise croît de manière extrêmement inquiétante, outre la misère de la basse classe, sans que les institutions de lutte contre la pauvreté ne s’en émeuvent ». Pour s’en convaincre, l’IRDH a cité deux cas illustratifs qu’il pense être illustratif. Il s’agit de celui des travailleurs de la Société générale de télécommunication (Sogetel), « qui meurent à petit feu » ainsi que celui des petites et moyennes entreprises d’exploitation forestière dont « les activités sont brusquement interdites, après qu’elles se sont endettées pour payer une litanie de taxes et impôts ».

Pour le premier cas, l’IRDH a noté que les travailleurs de la Sogotel réclament le payement des salaires dus de 69 mois. La société, a-t-il admis, a signé une cession de sa créance auprès de la Générale des carrières et des mines (Gécamines), qui se refuse de s’exécuter. « À ce sujet, les autorités gouvernementales entretiennent une correspondance régulière avec les travailleurs et ces lettres se ressemblent, du fait qu’elles promettent toutes des lendemains meilleurs, si les travailleurs restaient sereins », a soutenu l’IRDH pour qui les derrières de la série, datant du mois de juin, constituaient un jeu de ping-pong entre le Premier ministre, le ministre du Portefeuille et celui du Travail et de la Prévoyance sociale, « qui se jettent la balle, l’un demandant à l’autre de s’en occuper, tout en donnant des instructions contraires à la Gécamines ».

L’IRDH a rappelé que la Sogotel est une entreprise née de l’actionnariat entre la Gécamines (99%), la SNCC (0,5%) et le Groupe Malta Forrest (GMF) (0,5%) et la grande cliente de ses services était son actionnaire principale, la Gécamines. « Seulement, depuis que la Gécamines est ouverte aux différents partenariats miniers, avec des multinationales, elle se refuse de payer ses services à la Sogotel. À la suite des grèves des travailleurs, à l’approche des élections de 2011, le gouvernement avait instruit la Gécamines d’apurer ses dettes, en payant directement les travailleurs de la Sogotel. Depuis fin 2011, la Gécamines ne paie plus la Sogotel dont les travailleurs vivent dans la misère inimaginable », a révélé l’IRDH, qui avoue avoir documenté le payement des travailleurs se réclamant du parti au pouvoir.

Citant le cas des 15 entreprises du domaine forestier du Haut-Katanga, l’IRDH a noté que la RDC, par un ordre verbal du directeur de cabinet du chef de l’État, aurait interdit, sans préavis, toute activité des petites et moyennes entreprises du domaine de l’exploitation forestière du Katanga, sous prétexte d’exploitation illégale des forêts. L’IRDH, qui cite le Comité des exploitants forestiers du Haut-Katanga, renseigne que les membres de ce regroupement remplissent toutes les conditions légales et possèdent tous les documents administratifs requis, alors qu’ils payent régulièrement tous les impôts et taxes. Pour l’IRDH,  cet ordre venant du sommet de l’État congolais porte préjudice aux entrepreneurs locaux qui ont contracté des crédits auprès des banques pour monter ces affaires.

Réduction de la masse de pauvreté

Pour l’IRDH, afin de réduire la masse de pauvreté à travers la République, les chercheurs de son Projet d’application des droits économiques, sociaux et culturels recommandent au gouvernement d’agir avec plus de responsabilité et de sensibilité envers sa population et de considérer le taux de change réel dans la rémunération des fonctionnaires. Cet institut exhorte également le gouvernement à exiger de la Gécamines le payement de la créance des travailleurs de la Sogotel et à remettre les bois aux petites et moyennes entreprises en ordre avec le fisc. Si l’État congolais ne veut plus d’exportation de bois, pense-t-il, le gouvernement devra rembourser tous les frais perçus sur du bois entreposé à la frontière. Cet institut a, enfin, appelé l’Union africaine, l’Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont des programmes de lutte contre la pauvreté dans le monde, d’exiger le gouvernement congolais à mettre un terme à sa politique de paupérisation de sa population.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des fonctionnaires devant un guichet de la banque pour le retrait de leurs salaires (archives)

Notification: 

Non