Somalie : appel au renforcement de la protection des parlementaires après l’assassinat de deux députés

Mercredi 23 Avril 2014 - 12:11

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Après un nouvel assassinat mardi, du député Abdelaziz Isaq Mursal au lendemain du décès d’Isaq Mohamed Riino, membre du Parlement fédéral somalien, dans un attentat à la bombe, la communauté internationale demande aux autorités somaliennes d’offrir une protection accrue aux parlementaires du pays

L’Union interparlementaire (UIP), par exemple, a, dans un communiqué, condamné « cet acte lâche et répréhensible, dernier en date d’une série d’attentats terroristes dirigés contre des parlementaires œuvrant à l’instauration d’une démocratie pleinement fonctionnelle en Somalie après deux décennies de guerre civile et de perturbations ».

L’UIP a en outre souligné qu’« aucun effort ne doit être épargné pour protéger celles et ceux qui s’efforcent de défendre les intérêts du peuple somalien dans un contexte des plus difficiles ». « L’organisation appelle en outre les autorités somaliennes à veiller à ce que les responsables des attaques visant des parlementaires aient à répondre de leurs actes devant la justice », insiste le communiqué.

Le secrétaire général de l’UIP, Anders B. Johnsson, a souhaité que davantage de mesures soient prises pour faire face à ce genre de violences. « Le fait que la justice ne soit pas rendue crée une situation d’impunité et ne peut qu’entraîner une augmentation de la violence contre les représentants légitimes du peuple somalien », a-t-il estimé.

Assurant qu’elle suivait de près la transition politique en Somalie, l’UIP a salué les progrès accomplis par ce pays pour mettre en place un parlement fonctionnel et représentatif après les élections législatives de 2012. Ces progrès ont déjà permis à la Somalie de réintégrer l’UIP lors de la 129e assemblée de cette dernière, à Genève, en octobre dernier.

Le représentant spécial du secrétaire général pour la Somalie, Nicholas Kay, a également condamné les assassinats des deux parlementaires. « Je suis choqué d’apprendre la mort d'Abdelaziz Isaq Mursal et je condamne son assassinat dans les termes les plus forts. Je suis aussi attristé par le meurtre d’un employé des médias à Mogadiscio la nuit dernière. Les médias doivent pourvoir effectuer leur travail sans craindre d’être attaqués, a dit Nicholas Kay. Je suis préoccupé par les récentes attaques observées à Mogadiscio. Nous restons déterminés dans notre soutien au peuple somalien et à leurs représentants alors qu’ils s’efforcent de réaliser leurs espoirs et aspirations d’un avenir pacifique et durable. » Le représentant spécial a appelé les autorités somaliennes à enquêter sur ces attaques et à traduire les auteurs devant la justice dès que possible.

Après ces assassinats, un porte-parole des shebab s’en est réjoui et affirmé que les islamistes membres de cette organisation poursuivront leur lutte contre les autorités somaliennes. « Les moudjahidin ont visé et tué un de ceux qui se prétendent législateurs et en ont blessé un autre. Ces apostats aidaient les infidèles et les moudjahidin ont réussi à se débarrasser de l'un d'eux », a déclaré Cheikh Abdulaziz Abu Musab, à Radio Andalus, station des islamistes somaliens. « Tous sont des cibles des moudjahidin et ils seront tués un par un », a-t-il prévenu.

Fin décembre 2012, les shebab avaient promis de « tuer un par un » tous les députés somaliens de la nouvelle chambre, désignée le mois précédent, et revendiqué l’assassinat, quarante-huit heures plus tôt, de l’un d’entre eux.

Selon un communiqué de la Mission d’assistance des Nations unies en Somalie (Onusom), Abdelaziz Isaq Mursal a été tué par balles mardi dans la capitale, Mogadiscio, par des hommes armés non identifiés. Isaq Mohamed Riino, a, quant à lui, été tué lundi. Ces deux attaques ont été revendiquées par le groupe des Al-Shebab.

En décembre dernier, Feisal Warsame Mohamed, un autre député, avait été tué par l’explosion d’une bombe placée sous son siège dans sa voiture. Le véhicule du député Cheikh Adan Mader avait, lui aussi, explosé en juillet 2013, mais le parlementaire s’en était tiré indemne.

Nestor N'Gampoula